La province du Sud-Kivu a un nouveau Gouvernement provincial dont les animateurs ont été nommés à travers trois arrêtés signés par le Gouverneur de Province Théo Ngwabidje et rendus publics dans la soirée de jeudi 6 Mai 2019.
En plus des dix ministres provinciaux, trois secrétaires administratifs dont un titulaire et deux adjoints ont été nommés. Mais quels sont les défis qui attendent les nouveaux ministres ? Radio Maendeleo s’est penché, dans un premier temps aux ministères de l’intérieur, de la justice et des infrastructures.
Un ministère de la sécurité dans une province sans sécurité
Sur le plan sécuritaire, la province du Sud-Kivu fait face actuellement à un activisme des groupes armés dans presque tous ses compartiments. Au sud dans les territoires d’Uvira, Fizi et Shabunda des affrontements sont toujours réguliers entre des groupes armés et les FARDC.
A Fizi par exemple, on rapporte aussi des conflits intercommunautaires notamment dans les hauts plateaux de Bijombo, Minembwe et à Misisi où des villages sont incendiés, des vols des bétails signalés et les habitants obligés d’abandonner leurs habitations.
Dans la partie nord de la province en territoire de Kalehe, l’on signale la présence d’environ 5000 éléments identifiés comme appartenant aux Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda FDLR qui sont lourdement armés et qui se sont installés dans les groupements de Ziralo et à Mubuku.
Il faut pourtant noter que cette présence inquiète les habitants de ces milieux qui pensent plutôt à une occupation de leurs terres. Cela se traduit d’ailleurs par la réactivation des groupes armés d’autodéfense et la création d’autres, visiblement pour contrer une éventuelle attaque de ces FDLR.
L’autre défi est la prise en charge des éléments mai mai qui ont accepté de quitter les forêts à la suite de l’appel du Président de la République. En effet, ils sont cantonnés un peu partout dans la province mais leur prise en charge pose problème, ce qui les pousse à menacer de regagner leurs anciennes positions.
A ceci s’ajoutent le banditisme urbain dans la ville de Bukavu où les enfants de la rue continuent d’être source d’insécurité et des assassinats ciblés ne cessent de défrayer la chronique.
Un ministère de la justice pour des droits violés
Du point de vue de la justice, le nouveau ministre prendra ses fonctions dans un contexte où les mauvaises conditions carcérales défraient la chronique dans plusieurs établissements pénitentiaires de la province.
En effet, c’est presque chaque mois que des cas de décès des détenus sont enregistrés dans les prisons en plus des arrestations arbitraires dénoncées chaque semaine par les défenseurs des droits humains et les acteurs de la société civile.
De même, la plupart des maisons carcérales sont vétustes et les détenus bénéficient rarement de l’assistance en nourriture et en soins de santé de la part du gouvernement provincial.
De même, l’accès à la justice reste un casse-tête pour plusieurs habitants de la province du Sud-Kivu vu le caractère exorbitant des frais de justice et même les distances à parcourir pour atteindre les instances judiciaires.
Il faut par ailleurs noter que le ministère a été complètement oublié dans le gouvernement Nyamugabo II. C’est seulement après des milliers de dénonciations des défenseurs des droits humains qu’un commissaire provincial à la justice a été nommé mais son bilan reste mitigé.
Il sera donc important que le nouveau Ministre puisse refonder ce ministère aussi important à l’instant ou la RDC siège au Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies.
Le ministère des infrastructures délabrées
Dans le secteur des infrastructures, le nouveau ministre arrive dans un contexte ou la province du Sud-Kivu fait face à un manque criant d’infrastructures.
En effet, les routes sont presque inexistantes et d’autres délabrées. Les routes de desserte agricole sont inexistantes et certains territoires comme Shabunda ne sont pas connectés, par voie routière, à la ville de Bukavu.
Dans ce domaine, par ailleurs, il faut noter quelques améliorations avec la réhabilitation de certains axes routiers dans le cadre du programme d’urgence des 100 jours du Président Félix Tshisekedi.
Quoi qu’il en soit, il faut noter que plusieurs projets ont été lancés mais très peu sont arrivés jusqu’au bout. Il s’agit, par exemple, du tronçon routier allant de Ruzizi 2 à la Place Major Vangu et la route allant de la Place de l’Indépendance ici à Bukavu jusqu’à Amsar dans le territoire de Kabare.
Dans le secteur des transports et voies de communication, le défi majeur reste la modernisation des quais d’accostage sur différents ports de la province du Sud-Kivu ainsi que les conditions de travail dans ces installations.
Sur ce point précisément, il y a lieu de noter le fait que les travaux de modernisation du port de Kalundu ont été lancés plusieurs fois par les gouvernements sortants mais cela n’a jamais été une réalité.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que les infrastructures sportives manquent dans la province. Le projet entamé pour la construction du stade de Bukavu à Nyantende dans le territoire de Kabare reste au point mort.