Les audiences dans l’affaire opposant le ministère public et parties civiles contre 2 rebelles mai mai du groupe HAMAKOMBO se sont poursuivies ce mardi 29 septembre 2020 devant le tribunal militaire de garnison de Bukavu siégeant en chambre foraine au terrain d’Ihusi en territoire de Kalehe.
Pour ce deuxième jour, le TMG a poursuivi avec l’audition des prévenus à savoir Chabwira Chirabisa Isaac et Dieume Munono Babika.
Ces derniers ont reconnu avoir fait partie du mouvement insurecionnel du chef rebelle HAMAKOMBO mais ont nié avoir fait participé à une quelconque opération ayant conduit à la commission des crimes contre l’humanité et pour lesquels ils sont poursuivis à ce jour.
Après avoir retracé l’historique des faits à travers les éléments contextuels, le tribunal militaire de garnison de Bukavu a débuté l’instruction.
Si les avocats des parties civiles ont tenu à démontrer que les 2 prévenus sont bel et bien auteurs des crimes dont ils sont poursuivis, ceux de la défense ont affirmé detenir les éléments pour disculper leurs clients et/ou obtenir la disqualification des faits.
L’audience de ce jour a été suspendue et se poursuit ce mercredi avec la comparution d’un troisième prévenu à savoir Serge Chitoto qui faisait aussi partie de la bande de HAMAKOMBO mais aussi pour l’audition des victimes/parties civiles.
Il faut noter néanmoins un incident relevé par les avocats des victimes. C’est le fait pour l’officier du ministère public d’avoir communiqué aux prévenus la décision de renvoi avec une annexe contenant les noms des victimes, ce qui viole leur droit à la protection.
La société civile et les autorités locales s’approprient le dossier et parlent d’une lueur d’espoir
Du côté de la société civile de Kalehe, c’est un ouf de soulagement de voir les audiences se tenir sur place.
Son président intérimaire BAHATI RWANABO Germain pense que cela servira de leçon aux autres rebelles encore dans la brousse mais aussi à ceux qui voudraient encore rejoindre les groupes armés.
« nous sommes très heureux de voir ces audiences se tenir ici chez nous à Kalehe. C’est une leçon pour nous. Une leçon parce que nous tous nos jeunes gens qui avaient l’intention de rejoindre les groupes armés dans la brousse ne pourront plus le faire. Aussi ceux là qui sont encore dans la brousse pourront réfléchir deux fois avant de commettre les exactions contre les populations civiles et pourraient peut être déposer les armes après avoir suivi ce que leurs amis subissent… Nous disons merci aux partenaires qui rendent possibles la tenue de ces audiences et demandons à l’État congolais de continuer à traquer tous ces seigneurs de guerre. Ils doivent sentir la présence de l’Etat. Les victimes ont besoin d’être rétablis dans leurs droits aussi », précise BAHATI RWANABO GERMAIN dit BAHA.
Ces propos sont soutenus par le chef du sous village de Nyambuga (village Munanira, groupement Mbinga Sud, territoire de Kalehe) Mr Pascal Rubambira.
- « ici chez nous, parfois les jeunes n’ont d’autre choix se rallier aux groupes armés suite au chômage et la consommation des boissons fortement alcoolisées. Avec l’organisation de telles audiences, il y a de fortes chances d’éviter cette dérive. Nous disons donc merci et espérons que l’après ces audiences ne sera pas comme l’avant dans le chef des populations… » a-t-il déclaré.
Signalons que ces audiences se tiennent avec le concours des organisations de la Task Force Justice Pénale Internationale dont TRIAL INTERNATIONAL.
A propos de TRIAL INTERNATIONAL
En République Démocratique du Congo, TRIAL INTERNATIONAL a fortement contribué pour le renforcement du système judiciaire à tous les niveaux.
« L’année 2016 a été témoin d’une grave crise politique en RDC. Malgré des tensions grandissantes, TRIAL International a consolidé son programme de coaching, formant des avocats locaux à défendre des affaires relatives à des crimes de masse. L’accent a été mis sur la documentation des crimes commis, notamment les violences sexuelles.
En tant que membre de la Task Force sur la justice pénale internationale dans l’Est de la RDC, TRIAL International a veillé à ce que les victimes puissent jouer un rôle actif dans les procédures pénales pour crimes de masse. L’organisation est la seule à avoir présenté des affaires de violences commises à l’Est de la RDC devant les mécanismes internationaux en 2016. Elle a aussi été la première à défendre devant les juridictions civiles congolaises des victimes des crimes internationaux », lit-on dans le rapport d’activité 2016 de TRIAL International.
Par Étienne Mulindwa