Par Etienne Mulindwa
Presque tous les marchés communaux et urbains de la ville de Bukavu jadis réservés aux petits commerçants ne cessent d’être envahis par des grands commerçants qui y érigent soit des conteneurs soit des magasins ou encore des kiosques.
Cela s’observe dans toutes les trois communes de la ville de Bukavu et provoquent déjà des tensions dans le chef des vendeurs et vendeuses qui voient chaque jour leurs lieux de travail occupés.
Le constat est de Radio Maendeleo après un tour dans la plupart des marchés à la suite des alertes parvenues à sa Rédaction.
Il ressort de ce constat que presque tous les marchés de la ville de Bukavu étaient jadis compartimentés en rayons selon la catégorie des articles vendus par les petits commerçants. Ici, ce sont plutôt des étalages qui étaient visibles avec de petits vendeurs qui y exposaient des articles selon une organisation interne.
Actuellement, constate la rédaction de Radio Maendeleo, les marchés de Bukavu à l’instar de celui de Nguba, Nyawera, Feu Rouge, Beach Muhanzi, Kamagema, Nkafu Brasserie, marché central de Kadutu ou encore Lwakabirhi ne cessent d’être envahis par des constructions.
Ces constructions seraient le résultat des contrats de partenariat public-privé signés entre les autorités gestionnaires desdits marchés et des particuliers grands opérateurs économiques au sujet de l’exploitation de grands espaces dans ces marchés.
En plus des constructions, l’on remarque l’installation des boutiques et conteneurs installés pêle-mêle même à l’intérieur des marchés. A ce jour, un espace qui pouvait contenir plus de 10 étalages et recevoir au moins 20 petits commerçants, se voient occupé par un conteneur, une boutique ou carrément une maison.
Cette situation est souvent source de tension entre les gagne-petit qui, pour certains, se voient chassés d’un lieu où ils ont fait toute leur vie et celle de leurs familles respectives à travers le petit commerce.
Des défenseurs des droits humains voient, en cette pratique, l’insouciance des autorités à protéger les droits des petits peuples. D’autres voient en cela, une sorte de gourmandise des autorités à vouloir amasser beaucoup d’argent en si peu de temps à travers les contrats de partenariat public-privé, que d’en gagner progressivement à travers les taxes que paient régulièrement les petits commerçants
Cette situation a notamment pour conséquence de pousser tous les petits commerçants à exercer dans des marchés pirates le long des routes, une pratique pourtant interdite par les mêmes autorités qui les chassent des marchés.
Il faut par ailleurs noter que, selon des sources au sein des marchés, les grands commerçants vendent des articles en gros aux petits commerçants mais revendent les mêmes articles en détails à un prix moindre que celui que les petits commerçants proposent et ce, dans le même marché.
Bien plus, apprend-on des sources au sein des services fonciers de la ville, plusieurs de ces bénéficiaires des contrats de partenariat public-privé auraient déjà acquis des titres sur les espaces qu’ils occupent, une procédure qui ne fait que déposséder l’Etat de ses biens dans la ville de Bukavu.
Une autre difficulté, c’est que tous ces vendeurs sont souvent soumis au paiement des mêmes taxes et impôts sans tenir compte de leur catégorie, ce qui ne fait que renforcer la frustration et les inégalités.
D’aucuns pensent que les autorités devraient agir de manière à protéger les petits commerçants car, craignent plusieurs acteurs sociaux, les marchés réservés aux gagne-petit, ont la tendance à être transformées en galeries ou magasins dont l’accès ne sera l’apanage que d’une catégorie de personnes.