La province du Sud-Kivu sera bientôt gérée par un quatrième gouverneur depuis les élections générales de 2006. Lui c’est Claude Nyamugabo qui a été élu à l’issue du deuxième tour des élections organisées par la CENI le 29 aout dernier.
Durant la période électorale et celle de la campagne, la société civile dans sa pluralité, les mouvements citoyens, les acteurs politiques de l’opposition et de la majorité présidentielle et d’autres couches de la population n’ont cessé de s’exprimer les uns sur le profil d’un bon gouverneur, d’autres sur les attentes de la population.
Dans les propos des uns et des autres, l’on pouvait voir l’image d’une personne robot, intransigeante, d’une grande expérience politique, soucieuse du renouveau, capable de mobiliser les recettes, de les affecter rationnellement et décentraliser les pouvoirs à ses collaborateurs. En effet tous ces propos ont été prononcés en fonction de la situation actuelle de la province.
Insécurité, une priorité
Commençons par la situation sécuritaire. La province du Sud-Kivu fait face aujourd’hui à un activisme des groupes armés dans presque tous les territoires. A Fizi, les habitants font face à une insécurité généralisée créée par la coalition des groupes armés dirigés par le général auto proclamé AMURI William YAKUTUMBA. Dans les territoires de Mwenga, Kalehe, Walungu et Kabare ; différents groupes armés mai mai continuent de faire la loi. Cette situation place les habitants dans une pauvreté généralisée ne pouvant plus exercer leurs activités. De même, tous les projets ont du mal à être exécutés dans ces territoires faute à l’activisme des groupes armés. Dans la ville de Bukavu, des tueries ciblées, des cas de vols, d’extorsion et d’enlèvement d’enfants occasionnés par les enfants de la rue ainsi que par des hommes en armes sont légion et signalés dans presque tous les quartiers.
Sud-Kivu, une province sans route
Sur le plan des infrastructures, le nouveau gouverneur hérite d’une province en lambeaux. En effet, les routes de desserte agricole sont presque inexistantes et plusieurs territoires sont restés enclavés depuis 2006.
Dans la ville de Bukavu, plusieurs routes ont été réhabilitées mais seulement après quelques années, certains se retrouvent en état de délabrement très avancé.A titre d’exemple, il y a lieu de citer la route Place de l’indépendance Bagira et le tronçon allant de la place jusqu’au rond-point ONL Janda en passant par la place carrefour en commune de kadutu. Dans ce même chapitre, signalons que même le cabinet dans lequel va travailler ce nouveau gouverneur n’existe presque plus. Cela fait presque deux ans qu’il est en chantier faute de moyens.
Le social une priorité, les grévistes une urgence
Sur le plan social, la desserte en eau et en électricité est devenue un casse-tête pour la population. C’est en effet presque tous les mois que des marches et des sit in sont organisées par les habitants de tous les coins de la ville de Bukavu pour revendiquer.
Sur le plan des finances en province, le nouveau gouverneur hérite des dettes qui auraient été contractées par son prédécesseur dans différentes banques à en croire des rapports des commissions parlementaires de l’Assemblée provinciale. De même, les agents et membres du gouvernement provincial accusent plus de dix mois d’arriérés de salaire. Estimés à plus de deux cents cinquante agents, l’argent qui leur est dû serait évalué à plus de cinq millions de dollars américains. Tout cela devrait être pris en charge par le nouveau gouverneur. Dans le même sens, le niveau de mobilisation de recettes par les régies provinciales pose problème. Par ailleurs, le gouvernement central ne rétrocède plus à la province les 40% des recettes locales qui pourtant devraient être retenues à la source. Une situation qui rend hypothétique l’exécution des projets de développement.
Enfin, le nouveau gouverneur devra faire face à une assemblée provinciale que l’on pensait être acquise à la majorité présidentielle mais qui a prouvé le contraire au premier tour de l’élection du gouverneur samedi 26 aout dernier. Reconnue comme la plus active surtout pour avoir battu le record dans les motions qui aboutissent souvent aux départs des gouverneurs, le nouveau gouverneur devra faire la différence. Au vu de ce qui précède, des analystes pensent que la nouvelle autorité provinciale devrait travailler en fonction de ces défis et trouver des solutions aux problèmes les plus urgents de la province.