Alors que la République Démocratique du Congo traverse une période critique marquée par l’insécurité persistante à l’Est du pays et des accusations d’ingérence étrangère, son élection récente comme membre non permanent du Conseil de sécurité des Nations unies pour la période 2026-2027 représente une avancée diplomatique majeure.
Cette élection, intervenue après 35 ans d’absence à ce poste stratégique, marque un tournant pour la RDC sur la scène internationale.
Elle coïncide également avec des dates symboliques : le 15ème anniversaire du Rapport Mapping de l’ONU sur les crimes commis en RDC, et les 30 ans depuis le début des guerres meurtrières dans la région.
Dans un entretien avec Radio Maendeleo, Justin Bahirwe, activiste des droits humains, estime que cette élection constitue « une opportunité pour faire entendre la voix du Congo dans toutes les négociations internationales en cours pour ramener la paix ».
Il rappelle que le Conseil de sécurité est l’organe le plus influent de l’ONU où se décident les grandes orientations en matière de paix, de sécurité et de stabilité internationale.
« Être membre de ce Conseil, c’est avoir un siège à la table où se jouent les décisions majeures sur les conflits dans le monde. La RDC pourra désormais y défendre directement ses intérêts et ceux de la région des Grands Lacs », déclare-t-il.
Le Conseil de sécurité des Nations unies compte 15 membres : 5 permanents avec droit de veto (États-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni) et 10 non permanents élus pour un mandat de deux ans. Ces derniers, bien que sans droit de veto, participent activement aux débats et aux votes des résolutions. La RDC débutera officiellement son mandat le 1er janvier 2026.
Mukwege appelle à la justice et à la fin de l’impunité
Pour le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, cette élection offre « une occasion historique » de faire avancer la mise en œuvre de la justice transitionnelle, notamment l’établissement d’un tribunal pénal international pour le Congo. Dans un message sur son compte « x », Denis Mukwege appelle les autorités congolaises à saisir cette opportunité pour mettre fin à l’impunité et œuvrer à une paix durable, après trois décennies de massacres, de violences sexuelles et de déplacements forcés.
« Nous exhortons les responsables politiques congolais à servir les intérêts des citoyens et à mettre les aspirations de la population au centre de l’action de l’État », a-t-il déclaré via ses canaux officiels.
Retour diplomatique remarqué à l’ONU
Cette montée en puissance diplomatique s’inscrit dans une dynamique plus large indique le ministère Congolais des Affaires Etrangères de la RDC qui la qualifie d’une victoire diplomatique qui confirme le retour progressif et stratégique du pays au sein des grandes instances multilatérales.
Selon le ministère congolais des Affaires étrangères, cette percée diplomatique est le fruit d’un travail de fond mené depuis l’arrivée au pouvoir de Félix Tshisekedi en 2019, dans le but de repositionner la RDC comme un acteur crédible, engagé et influent sur la scène internationale.
Une voix pour l’Afrique centrale
Alors que plusieurs crises secouent la sous-région, la présence de la RDC au Conseil de sécurité pourrait aussi permettre de mieux porter les préoccupations des peuples de l’Afrique centrale, souvent marginalisés dans les débats internationaux.
Les attentes sont nombreuses, mais l’opportunité est réelle : à Kinshasa comme dans la partie Est de la RDC, l’espoir renaît de voir la diplomatie congolaise peser enfin dans les décisions internationales qui concernent directement la sécurité et la stabilité du pays.