Après que les députés provinciaux du Sud-Kivu aient été accusés d’avoir été corrompus par les candidats sénateurs lors des élections du 15 Mars dernier, nombreux d’entre eux contactés par la Rédaction de Radio Maendeleo disent ne pas comprendre l’acharnement des habitants de la province.
Selon le député provincial élu du territoire de Walungu et cadre du Mouvement Social proche de l’opposition David Mubalama, les sénateurs qui ont été élus appartiennent à des regroupements politiques qui ont des députés au sein de l’hémicycle.
Tout en ne rejetant pas l’hypothèse d’une corruption, il estime que ce serait à une très faible proportion et les habitants ne devraient pas étendre un ou deux cas à tous les députés car l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu est constituée des personnes intègres.
« ce que je sais c’est que la corruption peut avoir été utilisée pour convaincre les députés à voter pour tel ou tel autre candidat sénateur. Mais il faut reconnaître que ceux qui ont été élus ont des députés provinciaux au sein de notre hémicycle. Vous savez que Bahati Lukwebo a neuf députés et il a été élu par 12 voix ; Pierre Lumbi a cinq députés et il a été élu par 7 voix ; Monsieur Stéphane Miruho est du PPRD alors que même ce parti a des députés élus et enfin le doyen Mamboleo est de l’UNC, un parti qui a également plusieurs députés provinciaux. Comprenez que si le chef d’un parti politique a payé la caution pour ses candidats députés provinciaux, il est normal que ces derniers l’honorent en votant pour lui, s’il est candidat sénateur. Si corruption il y en a eu, c’est vraiment à un très faible niveau et on ne devrait pas faire porter le chapeau à toute l’Institution. Parmi nous il y a des serviteurs de Dieu et nous sommes assez matures », explique David Mubalama.
Pour sa part, le député provincial élu du territoire de Kabare et membre du PPRD Jérémie Basimane estime que ceux qui ont donné leur argent et qui n’ont obtenu aucune voix doivent aller le demander.
Il pense par ailleurs qu’aux élections des Gouverneurs, les députés provinciaux devraient fournir un effort en votant pour une personnalité capable de relever les défis de la province et non voter uniquement selon les appartenances tribales et politiques.
« en principe les soupçons de corruption ne peuvent pas manquer parce que les gens sont en train de croire que si tel n’a pas été voté ou si tel autre a été voté c’est à cause de la corruption. Je ne peux pas vous dire qu’il y a eu ou qu’il n’y a pas eu corruption. C’est maintenant question de confiance parce que ça se fait en cachette. Moi je pense que s’il y a un député qui a reçu l’argent d’un candidat et qu’il n’a pas voté pour lui, cet argent devrait être remis en toute honnêteté. De même, si un candidat sait qu’il a donné son argent à un député et qu’il n’a pas été voté, qu’il aille le réclamer car c’est son droit… il y a aussi la corruption morale ; il y a des mots d’ordre qui viennent déranger aussi la conscience et le vote des députés. Et moi je suis en train de demander aux gens de laisser aux députés provinciaux cette indépendance de se choisir des personnes qui valent. Bientôt nous allons voter le Gouverneur. Nous ne devons pas être des esclaves des autorités morales, de nos partis politiques ou de nos tribus. Nous devons être esclaves de la volonté de Dieu. Nous devons être esclaves de la volonté du peuple », explique-t-il avant d’évoquer une crainte « malheureusement quand on nous entend dire cela, on pense que nous sommes en train de nous rebeller contre nos partis politiques. Lorsqu’il s’agit du vote, c’est la conviction qui compte. On peut être d’un Parti Politique et avoir de la conviction sur une autre personnalité autre ».
Rappelons que suite aux allégations de corruption des députés provinciaux lors des élections sénatoriales, le président Félix Tshisekedi a convoqué une réunion interinstitutionnelle à l’issue de laquelle l’installation du Sénat a été suspendue, l’élection des Gouverneurs reportée et des enquêtes ouvertes sur ces allégations.S