La situation humanitaire se détériore de plus en plus dans la ville de Baraka et ses environs en territoire de Fizi. En plus de la carence en médicaments dans les hôpitaux, le prix élevé des biens sur le marché, il se remarque que la vie devient de plus en plus chère pour les habitants de ces entités situées dans le Sud Sud de la province du Sud-Kivu.
C’est ce qu’indique Levis Saidi, acteur de la société civile et défenseur des droits de l’homme évoluant sur place.
Dans un entretien avec Radio Maendeleo, Levis Saidi précise que depuis la chute de la ville de Bukavu et entités voisines entre les mains de l’AFC/M23, la ville de Baraka est faiblement approvisionnée en denrées nécessaires et autres produits manufacturés.
A ce jour, ajoute notre source, les petits commerçants s’approvisionnent à partir de Kigoma en Tanzanie ou encore au Burundi mais cela comporte des conséquences notamment les coûts liés au dédouanement.
La situation est venue s’empirer avec le débordement des eaux du Lac-Tanganyika qui a occupé une bonne partie de la Route Nationale Numéro 5 Uvira-Fizi particulièrement au niveau de Luhanga, empêchant ainsi un passager aisé des véhicules et motos.
Sur le marché, ajoute notre source, les prix des biens ont carrément doublé au point qu’une mesure de farine se négocie à 2000fc au lieu de 1000fc auparavant ainsi qu’une poignée de poissons dits Sambaza est passée de 2000 à 5000fc.
Dans un contexte où les agents de l’Etat sont pour la plupart non payés et que les ONGs ont sensiblement réduit leurs activités dans la zone, c’est la famine qui s’installe dans plusieurs ménages, ajoute notre source.
Des centaines de familles ont choisi d’aller vivre dans des camps en Tanzanie et au Burundi tandis que d’autres sont allés plus loin dans les villages environnant la ville de Baraka, espérant y trouver de quoi vivre particulièrement grâce à la pêche et l’agriculture.
Autrefois très active grâce au passage des véhicules et motos en provenance de Bukavu et Uvira pour Misisi, Nyange ou encore Salamabila dans la province du Maniema, la ville de Baraka présente une image toute autre.
C’est à peine que des dizaines d’hôtels et maisons de passage peuvent encore enregistrer ne fut-ce qu’un seul client en une semaine, indique pour sa part un hôtelier contacté sur place qui attribue cela au fait que l’activité des humanitaires dans la zone est presque aux arrêts.
Des prestataires des soins rapportent que depuis la prise de Bukavu, les structures sanitaires dans la zone ne sont plus approvisionnées au même titre que les officines pharmaceutiques qui peinent à trouver des médicaments appropriés.
Des cas de malnutrition sont rapportés dans plusieurs ménages, ajoutent des défenseurs des droits humains contactés.
Malgré ce contexte, regrettent ces défenseurs des droits humains, les habitants sont asphyxiés par des taxes exigées à tout bout de champ. Il s’agit entre autres des postes de péage et/ou barrières payantes érigées un peu partout par des hommes porteurs d’armes qui exigent des sommes exorbitantes à chaque passage.
Des habitants de la place plaident pour un retour rapide de la paix sur l’ensemble de la province afin de permettre la reprise normale du trafic et d’autres activités qui assuraient la survie des populations autant à Baraka et entités environnantes que dans d’autres zones du Sud-Kivu.
Par Etienne Mulindwa