Depuis le début de la mise en place des Assemblées provinciales dans toute la République Démocratique du Congo et particulièrement au Sud-Kivu, il s’observe des immixtions du pouvoir central dans leur fonctionnement. Ceci s’observe surtout lorsqu’il s’agit des initiatives de contrôle envers les gouvernements provinciaux ou lorsqu’il faut prendre des décisions jugées importantes pour la bonne gouvernance des entités provinces.
Au Sud-Kivu comme dans d’autres provinces, cela se remarque lorsque le gouvernement central intervient pour étouffer des motions de censure ou de défiance.
Cela est arrivé pour la première fois lorsque le premier gouvernement CISHAMBO a été menacé de destitution en 2011. A l’époque, le bureau de l’Assemblée provinciale a été interpellé à Kinshasa. A leur retour, personne ne parlait plus de la motion.
Par contre, il a été procédé à un remaniement ministériel. Le dossier à la une aujourd’hui dans la province n’est pas loin de ce scénario, sachant que le gouverneur a été convoqué à Kinshasa et après lui, le président et le vice-président du bureau.
Fin de la cession de Mars, les matières prévues restent hypothétiques
Aujourd’hui, les activités sont paralysées à l’Assemblée provinciale du Sud-Kivu par cette façon d’agir du pouvoir central, alors que la session de mars se clôture, selon la constitution, ce jeudi 29 juin 2017.
En effet, il y a lieu de remarquer que l’épuisement des matières prévues au calendrier pour cette session est hypothétique.
Sur les six matières, seul le contrôle parlementaire, qui du reste risque de ne pas aboutir, a été initié contre plusieurs ministres provinciaux et le gouvernement. Il en ressort que toute la session souffre de cette interférence du pouvoir central.
Pourtant, d’après la loi portant principes fondamentaux relatifs à la libre administration des provinces, l’Assemblée provinciale est l’organe délibérant de la province et donc la première institution avant le gouvernement provincial.
La même loi prévoit que l’Assemblée provinciale peut démettre collectivement ou individuellement les membres du Gouvernement provincial, collectivement ou individuellement, par le vote d’une motion de censure ou de défiance.
Des élus inféodés à l’exécutif
Au regard de ce qui se passe, des analystes estiment que les députés n’ont plus de véritable pouvoir de contrôle sur l’exécutif provincial et leur indépendance serait sensiblement réduite.
Au Sud-Kivu, certains députés se sont même inféodés au gouvernement provincial. En plus de représenter ce dernier dans certaines manifestations publiques, ces députés passent plus de temps à résidence du gouverneur et cela sans raison officielle ; une situation qui rend difficile le contrôle de son action.
Certains observateurs estiment que les initiatives des députés du Sud-Kivu n’aboutissent pas parce que ces derniers n’auraient pas de bonnes relations avec certaines autorités au niveau de Kinshasa.
Dans le même sens, les autres pensent que le gouverneur Marcellin CISHAMBO a survit à plus de deux tentatives d’évictions car il serait protégé par sa hiérarchie qui continue à trouver en lui une personne qui défend leurs intérêts en province.
Par ailleurs, il y a lieu de se poser la question sur la qualité et la portée de décisions qui sont prises par les élus provinciaux.
En effet, certains pensent que le gouvernement central serait fatigué de gérer les dossiers du Sud-Kivu, sachant que contrairement à d’autres provinces, elle a déjà fait partir deux gouverneurs ; pourtant tous originaires de la région.
Ces analystes se posent la question sur la nature du gouvernement qu’il faut pour le Sud-Kivu. Ils n’hésitent pas à conclure à une précipitation dans la manière de faire de députés provinciaux.
Conférence de presse, une habitue disparue
D’autres commentaires vont dans le sens de déplorer le déficit de communication au niveau du gouvernorat de province.
En effet, plusieurs questions restent sans réponses au sein de l’opinion. Depuis la venue du gouverneur CISHAMBO, la pratique habituelle consistant à organiser des conférences de presse a disparu au gouvernorat.
Cette pratique permettait aux chevaliers de la plume de poser des questions sur la gouvernance, l’évolution des projets et bien d’autres aspects qui bloquent en province.
Les analystes estiment que si le gouvernement provincial communiquait suffisamment, les députés et même le reste la population pourrait être édifié sur ce qui marche et ce qui ne marche pas afin de tirer des conclusions.