C’est depuis plus d’une semaine que les habitants des groupements de Bugorhe et Irhambi-Katana en territoire de Kabare sont en train de descendre dans la rue pour protester contre l’arrêt de la Cour Constitutionnelle consacrant l’invalidation du député national Kaningu Shem Lwango Faustin et proclamant la ministre sortante des droits humains Marie-Ange Mushobekwa.
Une fois encore, ils étaient des centaines à marcher dans la journée de samedi 25 Mai 2019 pour exiger que la Cour Constitutionnelle se ressaisisse car, selon eux, Kaningu Shem Lwango est le seul qui a été réellement élu et Marie-Ange Mushobekwa n’a aucune base.
Dans le mémorandum adressé au Président de la République et lu devant le chef de poste d’encadrement administratif de Katana, les signataires expriment le regret de voir qu’une institution qui doit remettre chacun dans ses droits aient rendu une décision injuste.
Les manifestants insistent et ne veulent que l’annulation de l’arrêt RCE 195 de la Cour Constitutionnelle consacrant l’élection de Marie-Ange Mushobekwa.
« nous, population de Kabare et particulièrement du groupement d’Irhambi-Katana, exigeons l’annulation de l’arrêt RCE 195 rendue par la Cour Constitutionnelle, la réhabilitation immédiate et sans condition de l’honorable Kaningu Shem Lwango Mulegwa Faustin à l’Assemblée Nationale mais aussi la révocation du Président de la Cour Constitutionnelle », déclarent les manifestants de leur mémorandum.
Déjà 8 000 signatures pour obtenir l’annulation de cet arrêt
Entre temps, une pétition a été mise en circulation. Selon les initiateurs, l’objectif est d’atteindre plus de 15 mille signatures qui correspondent aux voix obtenues par leur élu et ainsi prouver que Kaningu Shem Lwango a été réellement élu.
« nous sommes déjà à plus de 8 mille signatures et nous invitons tous ceux-là qui ont voté pour Kaningu de venir avec leurs cartes d’électeurs afin de signer cette pétition. Nous ne pouvons pas accepter que la volonté du souverain primaire soit piétinée par des arrêts fabriqués quelque part. Marie-Ange Mushobekwa n’a pas de base. Nous on a élu pour l’homme qui est toujours proche de nous. Si elle veut, qu’elle revienne reconstituer sa base et peut-être qu’on élira pour elle prochainement. Nous n’arrêterons pas ces marches jusqu’à ce que notre envoyé à Kinshasa soit rétabli dans ses droits. On dit que nous volons et nous détruisons quand nous manifestons. Moi je dis non. Nous n’inquiétons personne. Nous manifestons dans la paix », déclare un leader d’Irhambi-Katana, Mr Mushayuma.
Kaningu lui seul parle d’un arrêt acheté
Déjà la semaine dernière, le député national Kaningu Shem Lwango avait affirmé que l’arrêt consacrant son invalidation était un arrêt acheté par Marie-Ange Mushobekwa pour nuire à sa personne.
Pour lui, il n’est pas normal qu’un ministre des droits humains et qui est censé promouvoir les droits des autres soit la première à les violer et surtout à user de sa position pour cela.
« c’est la nuit aux environs de 20h que j’ai reçu cet arrêt acheté. Il y a des gens qui ont des entrées faciles à la Cour puis ils se permettent n’importe quoi. C’est justement la ministre des droits humains qui a fait tout pour acheter mon siège. Elle sait très bien que je suis d’un regroupement qui a eu plus de voix que le sien. Mon regroupement est troisième sur la liste avec 20 607 voix mais son regroupement n’en a que 4 200. Donc son regroupement peut venir en huitième position. Comment la Cour peut m’invalider. Je pense que comme ministre des droits humains, elle devra demander pardon parce que c’est de la tricherie parce qu’on ne sait pas comprendre comment quelqu’un qui a 3000 voix peut remplacer celui qui a eu plus de 15 000 voix. Elle n’est même pas parmi les meilleurs perdants », affirme celui qu’on surnomme « Cikala » avant de penser à un acharnement ou un règlement des comptes sans fondement.
« si elle n’a pas été élu, en quoi je suis responsable. Elle dit qu’elle venge son père. Mais son père est décédé depuis longtemps. L’ai-je tué moi ? Je pense qu’on doit être sérieux. Et si aujourd’hui la population manifeste ; elle exerce son droit constitutionnel. Je lui demande de manifester dans la paix car son vote a été truqué », déclare le député national Kaningu Shem Lwango Faustin.
La justice a tranché, j’avance; réagit Mushobekwa
De son côté, la ministre provinciale des droits humains Marie-Ange Mushobekwa jointe également la semaine dernière par Radio Maendeleo a pris acte de l’arrêt rendu par la Cour Constitutionnelle.
Elle pense également que ceux qui manifestent à Kabare sont des gens drogués juste pour semer le désordre.
« l’arrêt de la Cour existe oui. Ce n’est pas une rumeur. Il y a une vingtaine de jeunes que l’invalidé a drogué et leur a demandé d’organiser des marches pour protester contre son invalidation. Je voulais faire comme lui, je pouvais également le faire. Mais je m’interdis de le faire par respect aux principes républicains… quoi qu’il en soit, je ne vais pas polémiquer. La justice a tranché, j’avance… aucun citoyen ne peut imposer sa loi, nous tous nous nous plions. Je veux dire à toute la population que la justice est juste », réagit-elle.
Signalons que les arrêts de la Cour Constitutionnelle en matière des contentieux électoraux sont actuellement sujets à critiques.
Déjà, dans une conférence de presse tenue à Kinshasa, Jean Lucien Bussa du regroupement Coalition des Démocrates CODE, avait dénoncé ce qu’il qualifiait de « manipulation des résultats par certains juges dans les arrêts prononcés par la Cour Constitutionnelle ».
Mais, a-t-il précisé, bien que ces arrêts ne soient pas susceptibles de recours, la Cour laisse une fenêtre d’opportunités « … il s’agit de la requête pour correction des erreurs matérielles que notre avocat va introduire… ».
Il s’agit d’une nouvelle opportunité que le député national Kaningu Shem Lwango devrait saisir pour tenter d’être réhabilité dans ses droits.