Les creuseurs artisanaux œuvrant dans les concessions de la société Aurifère du Kivu et Maniema SAKIMA en sigle se trouvant dans les hauts plateaux de Kalehe à Numbi et Lumbishi demandent à cette société de mettre fin au monopole d’achat des minerais reconnu à la société AMUR.
La demande a été formulée au cours d’un atelier de trois jours doublé d’un Tribune d’Expression Populaire, organisés par la Coalition de la Société Civile de la Région des Grands Lacs Contre l’Exploitation Illégale des Ressources Naturelles, COSOC-GL en sigle du vendredi 29 septembre au dimanche, 1er octobre dernier à Numbi.
Le monopole de la société AMUR, rend pauvre les creuseurs
Selon les participants à cet atelier, le monopole dont dispose AMUR est à la base de la fraude et la contrebande minière dans leur entité mais également de plusieurs autres actes contraires à la loi.
« La société AMUR nous impose de lui acheter les minerais à un prix très bas par rapport au marché. Pour trouver mieux ailleurs, les exploitants miniers cherchent parfois à contourner le monopole et passer par la fraude et la contrebande. Cela va dans le sens de violer le processus de la traçabilité. De même, la société ne bénéficie plus grand-chose pour son développement » affirme le président de la coopérative minière de Numbi Ngeragezi Jean Pierre.
Borauzima Itulamya agent à la SAKIMA estime que ces creuseurs artisanaux ont une insuffisance de l’information.
« Le propriétaire d’une maison a le droit de la louer à qui il veut. La SAKIMA doit savoir la destination des minerais exploités dans ses concessions. Ce monopole aide les agents de la SAKIMA à mieux faire le suivi des exploitations minières dans sa concession… S’il n’y avait pas de monopole dans le PE 2598 à Numbi, nous pourrions enregistrer de grands désordres… », précise-t-elle.
Des militaires pointés du doigt
Au sujet de l’implication des militaires FARDC dans les sites miniers, les participants relativisent. Selon eux, la pratique a cessé mais quelques creuseurs font appel à eux surtout lorsqu’ils veulent vendre leurs produits aux autres acheteurs que la société AMUR.
Les exploitants miniers de Numbi ont également relevé les tracasseries occasionnées par certains services étatiques et les confusions que créent les autorités administratives en octroyant deux titres sur un même site minier qui paralysent leurs activités.
A l’issue de la formation, les participants déclarent être satisfaits de la matière apprise. Selon eux, plusieurs matières en rapport avec l’exploitation et le commerce de minerais étaient jusque-là une inconnue.
« La COSOC-GL nous a beaucoup aidé à travers cet atelier. Nous avons trop appris sur notre comportement par rapport au respect des lois et règlement sur l’exploitation, le commerce et le transport des minerais. Ils nous ont montré que les minerais que nous exploitons doivent bénéficier à la population locale et booster le développement. Nous demandons à la COSOC-GL de multiplier ce genre d’activités et poursuivre ce plaidoyer afin d’aider la population et les exploitants miniers de Numbi », insiste un participant.
Des minerais, source de paix et de stabilité
Le coordonnateur du CENADEP et expert à la COSOC-GL Serge NAMIRA qui modérait cet atelier se dit satisfait de son déroulement malgré le contexte sécuritaire.
Parlant d’une activité réussie, Serge NAMIRA assure que le plaidoyer va se poursuivre afin d’améliorer les conditions d’exploitation des minerais et assainir la chaîne d’approvisionnement des substances minérales dans les hauts plateaux de Kalehe et principalement à Numbi.
« … il est question de doter ces participants des connaissances qui doivent leur permettre de comprendre les enjeux que présente le secteur minier par rapport à la paix, à la stabilité et au développement. Nous visons beaucoup plus que la société civile soit proactive dans le suivi. … il y avait un intérêt accru de la population car tout le monde s’est clairement exprimé que la thématique. Nous avons provoqué la parole et nous allons poursuivre parce qu’avec cet accompagnement de partenariat public privé, nous allons nous approprier toutes les recommandations faites par les participants et nous allons continuer sur cette lancée… ».
Des matériels pour la surveillance
A l’issue de la formation, le Comité Local de Surveillance et de Monitoring des sites miniers CLSM en sigle a été installé. A la même occasion, il a reçu des matériels qui vont aider les membres du CLSM à documenter les cas de fraude, les cas de militaires récalcitrants et les violations des droits humains mais aussi d’autres cas contraires à la règlementation en vigueur.
Financé par l’Alliance Publique privée APP en sigle la formation a porté sur la nouvelle réglementation de l’exploitation des minerais du secteur artisanal et enjeux pour la paix, la sécurité, la stabilité et le développement en RDC et dans la Région des grands Lacs.