Vingt-cinq ans après le massacre de Katogota, les survivants et les familles des victimes ont commémoré cette tragédie dans un climat de profonde émotion, mais aussi d’inquiétude. Le village de Katogota, vidé de sa population depuis son occupation par les forces de la coalition AFC-23 le 18 février 2025, reste inaccessible. C’est donc à Uvira que les cérémonies de commémoration ont eu lieu.
Des messes de requiem ont été célébrées dans toutes les paroisses du diocèse d’Uvira ce mercredi 14 mai 2025, en mémoire des centaines de civils tués en 2000 par les présumés éléments du Rassemblement Congolais pour la Démocratie (RCD).
Les rescapés, toujours marqués par cette tragédie, soulignent la nécessité d’un pardon sincère mais aussi d’une réparation juste.
La journée s’est poursuivie par une rencontre de méditation organisée dans l’enceinte de l’ASBL Maisha ONGD à Uvira. Les filles et fils déplacés de Katogota y ont échangé autour du thème de la justice transitionnelle, regrettant le silence des autorités face à l’absence de justice pour les victimes. « Depuis 25 ans, aucun gouvernement n’a fait d’effort tangible pour reconnaître les souffrances des victimes ni pour leur accorder réparation », déplore Bagalwa Muhara, président du Comité des victimes, au micro de Radio Maendeleo.
Comme chaque année, André Byadunia, leader communautaire à Uvira, a également rendu hommage aux martyrs de Katogota. Dans sa déclaration, il a rappelé que les victimes de 2000, tout comme celles d’aujourd’hui, méritent la reconnaissance et le respect de la nation. « C’est notre devoir de les magnifier. Ce serait naïf d’attendre de ceux qui les ont fauchés, souvent à la fleur de l’âge, de les mettre à l’honneur », a-t-il déclaré.
Farouche défenseur de la justice pour les victimes des crimes documentés dans le Rapport Mapping de l’ONU, André Byadunia a une nouvelle fois appelé à la mobilisation pour l’application des recommandations de ce document, afin de rompre définitivement avec l’impunité.