Vital Kamerhe, Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat et Jammal Samih, Directeur Général des entreprises Samibo Congo et Usmal Sarl ont comparu pour la deuxième fois ce lundi 25 mai 2020 au Tribunal de Grande Instance de Kinshasa/Gombe dans l’affaire des présumés détournements dans le programme des 100 jours.
A l’audience de ce jour, le Tribunal a commencé l’instruction au fond pour l’infraction de détournement des deniers publics notamment en posant des questions aux deux principaux prévenus.
Un Jammal Samih qui clame son innocence dés le début du procès
Dans ses réponses, le libanais Jammal Samih a démontré qu’il avait bel et bien reçu la somme de 57 millions de dollars américains pour la construction de 1500 maisons préfabriquées et que l’argent avait bel et bien passé par le circuit bancaire contrairement aux affirmations du ministère public.
Poursuivant sa défense, le patron des entreprises Samibo Congo et Usmal Sarl a précisé que les commandes avaient été régulièrement faites, que plus de 400 conteneurs sont bloqués dans les ports notamment à Addis Abeba et à Dar es Salam et que des maisons préfabriquées sont arrivées et construites dans certains sites.
Jammal Samih n’a pas cessé de clamer son innocence en précisant qu’il vient de passer 52 ans au Congo sans jamais été cité dans le vol et, précise-t-il, il s’agit des jaloux qui en veulent à lui.
Une discussion s’en est alors suivie sur la validité du contrat ayant attribué le marché à ces deux sociétés. L’accusation et les avocats de la République soutiennent qu’il s’agit d’un contrat signé depuis 2018 alors que le ministre du développement rural Justin Bitakwira était encore en fonctions.
Vital Kamerhe serein et rabroue tous les arguments de l’accusation
Une prévention rabrouée par la défense de Jammal Samih comme celle de Vital Kamerhe. Prenant seul la parole avant même ses avocats, Vital Kamerhe présente tout un livre de pièces pour soutenir ses propos et prouver son innocence.
C’est ici qu’il démontre que tous les contrats avaient bel et bien étaient signé à l’époque du gouvernement Tshibala mais jamais exécutés. Avec l’arrivée du Président Félix Tshisekedi au pouvoir, le programme cent jours a récupéré tous ces projets afin de donner à la population un nouvel espoir, affirme-t-il.
Vital Kamerhe précise qu’en tant que Directeur de Cabinet du Chef de l’Etat, il devrait, avec toute l’équipe de supervision, s’assurer que les projets retenus sont exécutés tels que prévu et non de toucher à l’argent ou d’attribuer des marchés.
Après lui avoir opposé des lettres signées notamment pour l’autorisation de la passation des marchés de gré à gré et interdit tout mouvement dans les comptes du trésor public depuis janvier 2019, Vital Kamerhe, droit dans ses bottes, brandit les mêmes correspondances et précise avoir agi sur instruction du Président de la République.
C’est ici qu’il a insisté pour que l’accusation démontre, pièces à l’appui, à quel niveau il pouvait accéder aux fonds et les détourner en coaction avec Jammal et les raisons logiques qui justifieraient son maintien en détention.
Après plusieurs discussions dans les faits entre les parties et le tribunal, il a été demandé que certaines personnalités citées dans l’affaire soient invitées pour comparaître au titre de témoins.
Ayant accédé à la demande, le tribunal a résolu d’appeler Justin Bitakwira et son secrétaire général du développement rural, le coordonnateur du programme 100 jours Nicolas Kazadi, le Gouverneur de la Banque Centrale, le gérant de la Rawbank, les anciens ministres du budget et des finances ainsi que les directeurs généraux de certaines entreprises comme la SNCC.
Les avocats de la république ont suggéré au tribunal d’inviter plusieurs membres du clan Jammal et l’épouse de Kamerhe, Hamida Shatur et puis s’en est suivi une discussion au cours de laquelle les avocats du président de l’UNC ont estimé qu’il était inopportun d’appeler la conjointe du directeur de cabinet du chef de l’Etat.
L’audience a été suspendue puis reportée à la date 3 juin 2020. Juste après, le tribunal s’est retiré en chambre de conseil pour examiner à nouveau la nouvelle demande de mise en liberté provisoire introduite par Vital Kamerhe.
Etienne Mulindwa