Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, 55 ans, est le vainqueur de l’élection présidentielle du 30 décembre 2018 en République démocratique du Congo. Il a été élu avec 38,57% des voix, selon les résultats provisoires publiés ce jeudi 10 janvier 2019 par la Commission électorale nationale indépendante (CENI). Il deviendra ainsi le cinquième président de la RDC depuis son accession à l’indépendance en 1960 après Joseph Kasavubu, Mobutu Sese Seko, Laurent-Désiré Kabila et Joseph Kabila, si les résultats de la CENI sont définitivement confirmés par la Cour constitutionnelle.
Depuis mars 2018, Felix Tshisekedi dirige l’UDPS, l’un de plus grands partis de l’opposition dont son père, Etienne Tshisekedi fut l’un des fondateurs. Il est élu président de ce parti a l’issue d’un congrès organisé le même mois et investi candidat à l’élection présidentielle. Dix ans plus tôt, il assumait déjà les fonctions de secrétaire national chargé de relations extérieures de ce parti.
Aux législatives de 2011, Felix Tshisekedi est élu député national à Mbuji-Mayi. Mais il ne siègera jamais à l’Assemblée nationale en signe de respect à la consigne du parti. Cette année-là, Joseph Kabila remporte l’élection présidentielle face à Etienne Tshisekedi qui se présente pour le compte de l’UDPS. Rejetant les résultats officiels, Etienne Tshisekedi s’autoproclame président et interdit aux députés issus de ses rangs à rejoindre l’hémicycle. Felix Tshisekedi est alors l’un des rares députés de l’UDPS à respecter cette consigne.
Alors que le deuxième mandat de Joseph Kabila doit expirer en décembre 2016, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) n’est pas prête pour organiser les élections. Face à la crise qui se profile à l’horizon, un dialogue politique entre les forces politiques de la nation est convoqué sous la médiation de l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo. Le forum échoue à recueillir un large consensus, alors que la rue gronde.
Entre-temps, Felix Tshisekedi est nommé secrétaire général adjoint de l’UDPS. C’est lui qui conduira deux mois plus tard la délégation de l’UDPS aux nouvelles négociations politiques parrainées cette fois par la Conférence des évêques catholiques du Congo (CENCO). La nuit de la Saint-Sylvestre, un accord politique est trouvé : le Premier ministre, chef du gouvernement, sera issu de l’opposition et la CENI doit organiser les élections au plus tard au 31 décembre 2017. Un délai qui sera finalement reporté deux fois de suite.
Après le décès d’Etienne Tshisekedi à Bruxelles en février 2017, Felix est appelé à jouer de nouveaux rôles au sein de l’opposition. Il devient en mars de la même année, président du Rassemblement des forces acquises au changement, cette plate-forme des opposants créée quelques mois plus tôt à Genval, localité belge située en région wallone. C’est l’époque du grand rapprochement entre l’UDPS de Felix Tshisekedi, Moïse Katumbi l’ex-gouverneur du Katanga passé à l’opposition et le G7, le groupe des sept cadres de la Majorité présidentielle qui en 2015 ont pris leurs distances d’avec la coalition au pouvoir.
La rupture sera totalement consommée presque un an et demi plus tard lorsque l’opposition va décider de se trouver un candidat commun pour l’élection présidentielle prévue initialement le 23 décembre. Réunis à Genève sous la facilitation de la fondation Kofi Anan, Felix Tshisekedi n’est pas désigné candidat commun de l’opposition à la surprise de son parti qui appelle aussitôt à rejeter les conclusions de Genève. D’un improbable rapprochement avec Vital Kamerhe, ancien baron du régime Kabila passé lui aussi à l’opposition depuis 2009, naitra Cap vers le changement, la coalition qui va mener Felix Tshisekedi à la magistrature suprême.
Celui qui aura connu une enfance marquée par la relégation et les nombreux emprisonnements de son père à cause de son opposition au pouvoir du maréchal Mobutu affirmait fin 2016 à radiookapi.net : « Je peux vous dire pour en avoir fait les frais que la dictature avait été très rude ».
Elu président de ce vaste pays qu’est la RDC au cœur de l’Afrique avec ses riches ressources minières qui contrastent avec la pauvreté de sa population, Felix Tshisekedi a d’immenses défis qui l’attendent. Tant pour l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens que l’avancement de la démocratie que le peuple congolais appelle de tous ses vœux.https://www.radiookapi.net/2019/01/10/actualite/politique/rdc-felix-tshisekedi-le-parcours-du-cinquieme-president-de-la