Nommée premier ministre le lundi 1er Avril 2024, la toute première femme à occuper ce poste en République Démocratique du Congo Judith Suminwa Tuluka devra travailler dur pour faire face à multiples défis principalement sur le plan sécuritaire, économique et social.
D’abord sur le plan sécuritaire, la désormais chef du gouvernement arrive dans un contexte d’occupation continue d’une bonne partie de la province du Nord-Kivu par les rebelles du M23 appuyés par l’armée rwandaise.
Il en est de même pour d’autres parties toujours en proie à l’insécurité et aux conflits intercommunautaires notamment en Ituri. En plus du narratif consistant à dénoncer la complicité de certains pays occidentaux et l’indexation continue des pays voisins, nombreux estiment qu’il est temps de passer à l’action pour un retour durable de la paix dans cette région meurtrie.
Bien plus, la question de structuration des groupes résistants dits Wazalendo qui combattent aux côtés des FARDC à travers la mise en train des textes juridiques accompagnant la loi de programmation militaire promulguée l’année dernière.
En ce qui concerne les questions humanitaires, il y a lieu de noter les défis relatifs à la gestion des crises générées par la guerre du M23 avec des centaines de déplacés qui vivent aujourd’hui sans assistance ainsi que d’autres générées par les catastrophes naturelles un peu partout au Pays.
Sur le plan économique, la nomination de Judith Sumina Tuluka intervient dans un contexte économique que beaucoup d’économistes jugent instable.
Bien que le Fonds monétaire international (FMI) classe la RDC deuxième pays à afficher une croissance économique à 6% en Afrique subsaharienne en 2023 et dans le top 10 des économies africaines à plus forte croissance en 2024 par la commission des économiques des Nations unies pour l’Afrique, ces perspectives sont sujettes à plusieurs défis.
L’un et le plus important reste celui lié à l’inflation qui reste très élevée autour de 20 % avec comme conséquence la hausse généralisée et durable des prix des biens et des services sur le marché.
Cette situation entraîne une baisse du pouvoir d’achat des Congolais, surtout avec le franc congolais qui se déprécie face au dollar américain, très utilisé dans le circuit économique de la RDC.
Dans cette perspective, le premier ministre devrait relancer le tissu industriel en améliorant par exemple la qualité des infrastructures routières, la connectivité entre provinces et d’autres pays pour permettre l’évacuation de la production agricole mais aussi l’acheminement des produits vivriers importés.
Il en est de même de l’assainissement du climat des affaires et mettre fin à la multiplicité des taxes, dont se plaignent beaucoup d’opérateurs économiques.
Une autre question sur laquelle est attendue Judith Suminwa, reste la réponse aux demandes incessantes des congolais réclamant la réduction du train de vie des institutions et la hausse des salaires des agents et fonctionnaires de l’Etat.
Par Etienne Mulindwa