La République Démocratique du Congo célèbre ce 30 juin 2025 le 65e anniversaire de son accession à l’indépendance. À Bukavu, aucune manifestation officielle n’a été organisée. Seule une messe d’action de grâce à la Cathédrale Notre-Dame de la Paix, en commune d’Ibanda, a marqué la journée.
Une célébration matinale sous le signe de la réflexion
Il est exactement 7h, heure de l’Est de la RDC, lorsque débute la célébration eucharistique. L’archevêque métropolitain de Bukavu, Monseigneur François-Xavier Maroy Rusengo, préside la messe, entouré d’une dizaine de prêtres.
Dans l’assemblée, fidèles et habitants de Bukavu ont répondu à l’appel. Mais cette année, l’ambiance est bien différente. Monseigneur Maroy ne cache pas son amertume face à ce qu’il qualifie de « célébration plus médiocre que celle de l’an dernier ».
Une indépendance vidée de son sens ?
Loin des grandes réjouissances d’autrefois, le 30 juin à Bukavu s’est déroulé dans la sobriété, voire l’indifférence. Dans son homélie, l’archevêque dénonce le contraste entre les promesses de l’indépendance et la réalité actuelle du pays.
« Autrefois, la journée du 30 juin débutait par une messe, suivie de manifestations publiques. Aujourd’hui, plus rien de tout cela », regrette-t-il.
Avec des mots forts, Monseigneur Maroy a appelé chaque Congolais à une introspection personnelle :
« Les écoles sont délabrées, les infrastructures en ruine, le système de santé en souffrance et l’économie au point mort. Même sur le plan alimentaire, la RDC reste dépendante. Où est donc cette indépendance, 65 ans après ? »
Et d’ajouter, sur un ton grave :
« Commence d’abord par regarder l’autonomie que tu as sur ta propre vie, ta famille et ton travail. Construisons l’indépendance à partir de nous-mêmes et faisons-la grandir à travers les autres. Peut-être qu’ainsi, nous y parviendrons. »
Un appel à la paix et à la responsabilité citoyenne
Profitant de cette double commémoration – celle de l’indépendance et celle des saints Pierre et Paul, également célébrés le 30 juin – Monseigneur Maroy a lancé un appel à la paix, à l’unité et au vivre-ensemble.
Pour lui, la reconstruction du pays ne viendra pas seulement d’en haut mais passera avant tout par la conscience et la responsabilité individuelle de chaque citoyen.
« Le 30 juin passe presque inaperçu, alors que dans d’autres pays, cette date est célébrée avec éclat, car elle représente la plus grande fête d’une nation souveraine. Les autres commémorations viennent après. Prions le Seigneur pour que notre foi se traduise en actes concrets, afin de rebâtir l’Église et le pays. Ainsi, lorsque viendra ce jour, nous pourrons proclamer avec fierté que nous avons un pays et que nous sommes véritablement indépendants. »
Un moment rare dans une ville sans festivités
En l’absence de manifestations publiques dans la ville, cette messe d’action de grâce restera l’un des rares temps forts de ce 65e anniversaire de l’indépendance à Bukavu, ont confié plusieurs chrétiens présents à la célébration.
Par Omeur Mudekereza