Par Etienne Mulindwa
Les membres des radio-clubs partenaires de Radio Maendeleo de l’axe Kamanyola, les acteurs de la société civile ainsi que les leaders locaux plaident pour une meilleure collaboration entre le chef de groupement, les chefs des villages et ceux de sous-villages afin de mieux faire face aux défis de gouvernance et de développement de cette entité du territoire de Walungu
C’est entre autres recommandations formulées à l’issue d’un débat public organisé sur place par Radio Maendeleo lundi 1er Mars 2021.
Ceci dans le cadre de son projet « Accès à l’information de proximité sur les questions de gouvernance, de la démocratie et de la paix par le renforcement des radio-clubs » exécuté avec l’appui de la Coopération Suisse.
Au cours de ce débat public, les participants ont été invités à faire un diagnostic sur les problèmes de gouvernance qui guettent leur entité et qui feraient que le développement ne soit pas au rendez-vous dans cette dernière.
Parmi les problèmes évoqués, l’on note une faible collaboration entre différents responsables à la tête du groupement, à la tête des villages et au niveau des cadres de base.
« notre groupement fait face à plusieurs difficultés de gouvernance. D’abord, les chefs ne s’entendent pas entre eux et parfois on ne sait pas à qui s’adresser. Par exemple moi, j’ai été nommé chef d’avenue depuis 3 ans maintenant mais mes amies avec qui je l’ai été nous n’avons jamais été présentées aux populations sous notre juridiction. Nous n’avons jamais été invitées au groupement pour réaliser telle tâche. D’ailleurs, nous ne déposons aucun rapport », se plaint Ndondo, membre du Radio-Club le Grenier et chef d’avenue dans le quartier Rubumba.
Et à la société civile de renchérir « nous sommes parfois étonnés de voir n’importe qui se comporter comme chef. D’autres sont des chefs mais ne sont même pas connus par leurs administrés… nombreux ont vieilli et se prennent comme des chefs coutumiers… ici à Kamanyola, on ne sent pas vraiment la présence du Chef. Car chacun fait ce qu’il veut… par exemple nous acteurs de la société civile, nous avons toujours dénoncer ce que nous trouvons anormal, nous déposons des rapports et des dénonciations auprès de l’autorité mais jamais on est entendus. Par exemple en ce qui concerne le perception des taxes illégales, les constructions anarchiques qui risquent de porter atteinte à l’urbanisation de cette entité, l’insécurité, la multiplicité des services étatiques parfois non encadrés etc… mais jamais des décisions sont prises pour décourager cela. Malheureusement c’est nous qui sommes mal vus et parfois cela entraîne des conflits », explique, sous émotion, Asifiwe Balagizi André, Président de la Nouvelle Dynamique de la Société Civile de Kamanyola.
D’autres participants ont évoqué des questions liées au manque de redevabilité de l’autorité. C’est ainsi qu’ils évoquent l’absence d’un plan local de développement depuis plusieurs années et même des forums communautaires afin de parler des questions de gouvernance.
Certaines pistes de solutions sont proposées
Pour pallier cette situation, ils estiment qu’au regard de ses caractéristiques actuelles, Kamanyola ne devrait plus être un groupement mais plutôt une commune.
« nous savons que la loi a déjà tranché à ce sujet. Kamanyola c’est une commune. Ici, nous avons les infrastructures nécessaires pour cela. Nous recevons des gens en provenance des plusieurs coins. Nous payons des taxes comme dans la ville de Bukavu. Une maison d’ici, on la fait payer comme une maison de Kadutu dans la ville de Bukavu. Nous sommes traités comme si nous étions dans une ville. Très malheureusement nous ne voyons rien comme contrepartie. Les routes sont délabrées. Nos avenues en train d’être spoliées. Nous pensons que le statut actuel de groupement ne convient plus à Kamanyola. Le chef de groupement est très limité. D’ailleurs nous ne l’avons jamais vu prendre une décision. Il attend toujours que la chefferie décide et pourtant cela ne fait que retarder les choses ici chez nous. Et puis nous sommes très éloignés »¸explique Alphonse Ntagondwa, président de la société civile Forces Vives de Kamanyola.
Parmi tant d’autres problèmes, les habitants évoquent des problèmes liés aux arrestations arbitraires ainsi que la confusion sur les juridictions compétentes pour connaître tel ou tel autre cas rapporté dans la cité de Kamanyola.
Ils expliquent que parfois les personnes sont arrêtées même pour des faits bénins puis transférés soit à Bukavu, soit à Walungu, soit à Uvira et parfois même à Kavumo. Ils plaident ainsi pour que des sensibilisations soient faites afin que les habitants soient informés sur leurs droits.