La ville de Bukavu s’isole de plus en plus du reste de la province du Sud-Kivu. Au Nord, au Sud, à l’Est et à l’Ouest, il est actuellement difficile voir impossible d’atteindre par voies routières presque tous les territoires du Sud-Kivu.
Des transporteurs, des acteurs de la société civile et des organisations de défense des droits humains ne cessent d’alerter sur le délabrement avancé et continue des routes dans différents territoires de la province. Tour des territoires avec vous …
Sur la Route Nationale No5 principalement entre Bukavu, Uvira et Fizi, le moins qu’on puisse dire, la situation est proche de la catastrophe.
D’abord sur le tronçon compris entre Bukavu et Uvira, plus de cinq déviations sont déjà créées suite aux éboulements, l’effondrement des ponts et le débordement des eaux des rivières. Ici, les ponts Sange, Kavuguvugu, Shengezimu et Katogota sont dans un état piteux au point que les transporteurs en provenance d’Uvira ou de Bukavu sont obligés de faire des jonctions.
Dans les escarpements de Ngomo et peu après le centre de Munya à Nyangezi, c’est presque chaque jour que l’on y rapporte des catastrophes naturelles bloquant la circulation.
Sur le tronçon compris entre Uvira, Baraka et Misisi, c’est un véritable chemin de la croix auquel sont soumis les transporteurs. A plusieurs endroits, ce sont des bourbiers à l’intérieur desquels les transporteurs nagent et se perdent parfois.
A plusieurs de ces endroits, les commerçants et transporteurs passent des journées voire des semaines en train de piocher pour se frayer le passage. Par manque d’alternatives, nombreux ont même érigé des habitations de fortune pour se protéger contre les intempéries, ceci en attendant le beau temps pour poursuivre la route.
Des opérateurs économiques rapportent que plusieurs biens de première nécessité arrivent à destination étant déjà avariés ou même détruits, ce qui occasion d’énormes pertes sur le plan économique.
Sur la route nationale No2 principalement le tronçon compris entre Bukavu-Mwega Kamituga jusqu’à Kitutu, la situation est similaire. Se rendre dans cette partie du Sud-Kivu et arriver le même jour relève actuellement d’un miracle.
Sur l’ensemble de ce tronçon routier, les transporteurs parlent d’au moins 9 bourbiers à manœuvrer avant d’arriver à destination. Ici aussi, des usagers comme des riverains effectuent des travaux manuels dans des conditions difficiles pour tenter de faciliter le passage à certains véhicules.
Des opérateurs économiques passent des semaines à attendre leurs marchandises qui parfois arrivent étant avariées. Comme sur la route Fizi, il faut au moins 2 à 3 semaines voire un mois pour qu’un camion transportant des marchandises fasse un aller et retour, rapportent certains transporteurs joints par Radio Maendeleo.
D’ailleurs, ajoutent-ils, très peu de ces véhicules retournent en bon état au regard des manœuvres auxquels ils sont soumis.
Il en est de même sur la route nationale numéro 3, sur le tronçon allant de Miti en territoire de Kabare jusqu’à Hombo et Bunyakiri dans le territoire de Kalehe. Ici, le seul tronçon Madiriri demeure une épine dans les bottes des usagers. Effectuer un aller et retour le même jour est un exploit difficile à réaliser.
Revenant sur la nationale numéro 2 cette fois sur le tronçon Bukavu-Kalehe Goma, le constat fait état de l’effondrement de presque tous les ponts jetés sur différentes rivières. Bien plus, le relief montagneux du territoire de Kalehe fait à ce qu’il est des éboulements à plusieurs endroits et la présence des bourbiers en pleine constitution.
En clair, alors que les véhicules quittaient déjà Bukavu jusque dans la ville de Goma en moins de 8h, les rapports des organisations des transporteurs terrestres sur cet axe indiquent qu’il est actuellement difficile de s’aventurer même pour quitter Kalehe Centre jusqu’à Nyabibwe ou encore à Minova.
Pour le territoire de Shabunda, la société civile parle plutôt d’une absence de route. Différents acteurs indiquent que même certains endroits ou des tracés des routes étaient visibles ont carrément disparus.
Au regard de ce qui précède, des transporteurs, des organisations de la société civile et autres défenseurs des droits humains estiment que l’autorité devrait agir car, argumentent-ils, plusieurs taxes sont perçues et devraient servir à améliorer les conditions de vie des populations.
Etienne MULINDWA