Par Etienne Mulindwa
Siégeant dans l’affaire qui oppose le ministère public et parties civiles contre deux prévenus à savoir Donat Kengwa Omari et Amani Ndeko Thierry poursuivis pour crimes internationaux, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu a poursuivi son instruction en audience publique ce vendredi 25 octobre 2024.
Devant des centaines d’habitants, au total 11 victimes, survivantes et survivants sont passées pour témoigner des atrocités subies au cours de cette audience qui s’est tenue devant le bureau administratif du groupement de Miti dans le territoire de Kabare.
Toutes les victimes ont témoigné des atrocités de viols massifs, esclavage sexuel, pillages, incendies des maisons, tortures, assassinats, enlèvements et déportation opérés par des éléments du groupe Forces Populaires de Paix FPP sous la direction de Donat Kengwa, chef de plusieurs groupes Raiya Mutomboki.
Venus de plusieurs villages de Kalehe et Shabunda dont Chifunzi, Chibinda, Idunga et Bisisi, ces victimes ont parlé des attaques systématiques qui ont coûté la vie à des centaines de personnes et laissant plusieurs enfants orphelins.
Bien plus, des femmes ont affirmé vivre dans le traumatisme après avoir subi le viol même étant enceintes, certaines en présence de leurs enfants et maris. D’autres n’ont pas survécu aux chocs et sont mortes après ces événements tragiques.
Dans sa défense, le prévenu Donat Kengwa Omari, tout en reconnaissant avoir été chef de cette coalition des groupes Mai Mai et avoir été celui qui leur donner des fétiches pour se protéger contre la mort par balles, a précisé qu’il ne contrôlait pas les parties de Kalonge d’où viennent ces victimes.
Pour lui, son mouvement était pour l’autodéfense contre l’occupation des éléments FDLR. Il a émis le regrter de voir qu’il ait été arrêté alors qu’il détenait une feuille de route du gouvernement lui permettant de circuler après les processus de paix Murhesa 1 et 2 auxquels son groupe avait adhéré.
Il a réfuté ces témoignages précisant qu’il n’a jamais fréquenté les villages précités.
Dans leur défense, les avocats des parties civiles et le ministère public ont fait valoir l’incohérence entre les allégations faites par Donat Kengwa à l’audience de ce jour et celles faites dans des procès-verbaux élaborés lors des auditions précédentes.
Signalons que toutes les victimes ont comparu sous protection car cagoulées, identifiées sous des codes avec distorsion des voix pour éviter qu’elles soient reconnues par leurs bourreaux avec le risque des représailles.
Précisons que lss faits en cours d’instruction ont été commis dans les territoires de Kalehe et Shabunda au Sud-Kivu entre 2017 et 2021. Dans les faits toujours, Donat Kengwa était militaire des FRDC avec grade de Major mais a déserté entre 2010-2011 et 2012 avant de créer le Mouvement Raiya Mutomboki avec un certain NGANDU.
Après près de 7h d’instruction, l’audience a été renvoyée au samedi 26 octobre 2024 pour poursuite de l’audition des victimes.
Ces audiences en chambre foraine sont organisées avec la facilitation de Trial International dans le cadre de la Task Force Justice Pénale Internationale, un réseau coordonné par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme BCNUDH et qui regroupe des acteurs nationaux et internationaux œuvrant pour la poursuite des crimes les plus graves.
Trial International a appuyé les ONG congolaises qui ont fourni une sensibilisation et un accompagnement aux victimes pour qu’elles puissent participer au procès et à coordonner le travail du collectif d’avocats qui représente les victimes tout au long de la procédure judiciaire.