La province du Sud-Kivu a un nouveau gouvernement depuis mercredi 11 octobre 2017 après avoir été investi par l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu. Le contexte dans lequel ce gouvernement entre en fonction semble particulier au vu des défis auxquels fait face cette province et cela dans tous les secteurs de la vie que ce soit sur le plan politique, sécuritaire, économique et sociale.
Radio maendeleo s’est penchée sur la question en décortiquant en premier lieu les défis dans quatre ministères dont la sécurité, la justice, les finances et la santé
Commençons par le ministère de l’intérieur, sécurité, décentralisation, affaires coutumières et foncières.
Insécurité, un caillou dans les bottes du gouvernement
La province du Sud-Kivu fait face actuellement à un activisme des groupes armés dans presque tous ses compartiments. Au sud dans les territoires d’Uvira et Fizi, des affrontements sont signalés depuis plusieurs mois entre la coalition des rebelles dirigée par le général autoproclamé AMURI William Yakutumba et les FARDC.
Cette situation est loin de trouver solution car des foyers de tension sont toujours signalés partout dans certaines localités de ce territoire.
Toujours dans cette partie de la province, des conflits intercommunautaires sont à la base des affrontements entre les populations, causent l’instabilité sociale et occasionnent mort d’hommes mais aussi des cas de vols des bétails.
Dans la partie nord de la province en territoire de Kalehe, des groupes armés mai mai Kirikicho et Nyatura sont toujours actifs dans les hauts plateaux ou certains d’entre eux contrôlent de grands espaces et plusieurs sites miniers.
Au Sud du territoire de Kabare dans la chefferie de Nindja, les raiya mutomboki continuent de terroriser la population.
Les mêmes éléments raiya mutomboki avec différents responsables sont éparpillés dans plusieurs autres territoires dont Mwenga, Shabunda et dans certaines parties du territoire de Walungu.
Dans la ville de Bukavu, la situation sécuritaire reste tendue. Dans presque tous les quartiers, des hommes en armes attaquent des paisibles citoyens, violent, pillent et tuent sous le regard des autorités en charge de la sécurité.
Les coins les plus touchés sont le quartier Panzi en commune d’Ibanda, Chai en commune de Bagira ou les maisons et Nkafu en commune de Kadutu ou les maisons sont régulièrement attaquées par des hommes en armes non autrement identifiés.
Justice, un secteur à refonder
De son côté, le ministre de la justice et droits humains prend ses fonctions dans un contexte où les conditions carcérales défraient la chronique dans plusieurs établissements pénitenciers de la province.
A Mwenga, ce sont des évasions et des cris d’alarme des détenus demandant la nourriture et les soins médicaux. Même situation à Kabare ou certains détenus sont même décédés suite au manque de nourritures.
A la prison centrale de Bukavu comme dans d’autres maisons carcérales à l’intérieur de la province, les défenseurs des droits humains ne cessent de dénoncer les détentions arbitraires et les violations des droits des détenus.
De même, l’accès à la justice reste un casse-tête pour plusieurs habitants de la province du Sud-Kivu vu le caractère exorbitant des frais de justice et même les distances à parcourir pour atteindre les instances judiciaires.
Une faible mobilisation des recettes
Au ministère des finances, le principal défi reste la capacité de mobilisation des recettes pour couvrir les charges de la province et la lutte contre le détournement de deniers publics.
En effet, le gouvernement sortant était accusé de faible capacité de mobilisation de recettes. Dans ce sens, l’ancienne ministre provinciale des finances a été interpellée par les députés provinciaux qui ont même proposé de supprimer la DPMER car elle était incapable de remplir ses missions.
A cette même occasion, les députés provinciaux ont démontré que plusieurs agents de l’Etat perçoivent les taxes dans plusieurs domaines sans documents officiels.
Au sein de ce ministère, il faut également noter le faible niveau des investissements en province mais aussi les difficultés auxquelles font face les femmes qui exercent le commerce transfrontalier.
Secteur de la santé, un long chemin à parcourir
Au ministère de la santé, genre et affaires sociales ; le nouveau ministre arrive dans un contexte d’une épidémie de choléra qui semble difficile à maîtriser depuis presque deux mois après sa déclaration au Sud-Kivu.
Il s’avère également que l’accès aux soins de santé est loin d’être une réalité. Le système des mutuelles de santé qui a fait ses preuves dans d’autres pays, au Sud-Kivu, cela couvre une faible quantité de la population.
Pendant que le taux de mortalité maternelle et infantile trouve déjà des solutions ailleurs ; ici au Sud-Kivu par contre, le nouveau ministre aura encore du chemin à parcourir.
Dans son volet humanitaire, il faut noter que la province fait face actuellement à plusieurs types de catastrophes naturelles. Des dégâts matériels et humains mais en amont comme en aval, l’on sent une absence de l’intervention de l’Etat plongeant ainsi la population dans ce qu’on appellerait un désespoir.