Le nouveau gouvernement provincial du Sud-Kivu doit bien maitriser ses dépenses en privilégiant celles qui sont prioritaires et mettre en place un plan rationnel de remboursement de la dette de 9 million de dollars qu’il a hérité.
Selon le professeur et expert en gestion des finances publiques Augustin Mutabazi, le souci est de ne pas enfoncer davantage la province dans un dysfonctionnement total.
Il indique qu’au regard du poids de cette dette de 9 million, le gouvernement provincial doit chercher à négocier avec ses créanciers sur les modalités de remboursement afin de ne pas augmenter ses intérêts
Le professeur Augustin Mutabazi estime qu’une bonne analyse de recettes de la province, une bonne budgétisation et la révision systématique des dépenses du gouvernement permettra à la nouvelle équipe gouvernementale de surmonter les défis engendrés par cette dette.
« je présume que ce sont des dettes à court terme par exemple des dettes concernant des arriérés des salaires, des dettes envers les hôtels surtout qu’il y a beaucoup de gens qui viennent de Kinshasa en mission et qui sont pris en charge par la province et peut-être aussi il y a des emprunts bancaires. Il faut mettre tout ça dans le cadre du budget et l’étaler mois par mois. Il ne faut pas faire un budget global du genre annuel, il faut le disséquer mois par mois pour voir si les recettes attendues sont à même de couvrir le fonctionnement, les investissements et et le remboursement de ces dettes », explique Mutabazi avant de rappeler l’importance de revoir les charges de la province « il faut aussi revisiter les charges. Par exemple, pourquoi avoir un gouvernement de dix ministres si on a des dettes des gens. La priorité ce n’est pas d’avoir un cabinet éléphantesque et ne pas payer les gens. Imaginez-vous dix ministres avec chacun des conseillers, bureau d’étude ; mais alors il refuserait d’engager tout ce monde-là parce que je ne vois pas ce qu’ils vont produire. Et tous ces agents de communication, ils vont produire ? Ils vont produire l’argent pour rembourser les crédits ? On parle de la cellule d’investigations pour produire quel travail. Et ce bureau d’études, il étudie quoi ? C’est juste des services budgétivores mais qui ne produisent rien. Il fallait commencer par élaborer un budget et voir s’il peut maîtriser tout ce monde au lieu de naviguer à vue ».
Il prévient que si cette dette persiste, la province risque de stagner dans la même situation où des agents du gouvernement vont toujours réclamer des arriérés des salaires et les créanciers qui vont réclamer le paiement de leurs emprunts et, par conséquent, aucune action sociale ne sera réalisée pour le bien être de la population.
Le Professeur Augustin Mutabazi précise que s’il y a des opérateurs économiques parmi les créanciers de la province, ces derniers risquent de se faire payer en refusant de payer les taxes et impôts dus à l’Etat.
Il invite le nouveau gouverneur à assainir la situation de la province en travaillant fort sur « la fameuse » mobilisation des recettes et en se rappelant que la population attend des actions concrètes sur terrain.