Dans le secteur des mines, énergie et hydrocarbure, le nouveau gouvernement provincial du Sud-Kivu est appelé à travailler dur afin de faire la différence d’avec ses prédécesseurs particulièrement dans le sens de faire goûter aux populations des zones où sont exploitées les matières premières les délices de leurs richesses.
En effet, ce gouvernement comme les précédents d’ailleurs, arrive dans un contexte où plusieurs rapports des organisations de la société civile font état de la présence des sociétés à capitaux étrangers dans des sites miniers, le caractère opaque de plusieurs contrats souvent signés au niveau national, l’absence de redevabilité, une fraude organisée dans le secteur et la faible organisation de coopérative minière.
En effet, c’est depuis plusieurs années que Radio Maendeleo reçoit des correspondances en provenance des différents territoires faisant état d’une exploitation plutôt calamiteuse des ressources minérales dans certains coins de la province.
En plus du non-respect voire même de l’inexistence des cahiers de charge entre ces sociétés et les communautés locales, ces correspondances notent également une exploitation des minerais en ignorant les normes environnementales et les droits humains.
Il en ressort donc que ces sociétés exploitent les substances minérales pour les exporter à l’étranger mais aucun projet de développement n’est réalisé en retour, ce qui fait que les populations restent de plus en plus pauvres, marginalisées et paupérisées.
Les mêmes correspondances font état de la pollution de l’environnement et des rivières par les substances utilisées dans cette exploitation minière comme du mercure et du cyanure, une situation qui entraîne des maladies surtout chez les femmes.
Dans le même sens, les différentes alertes font état de comportements visant à déposséder les paisibles habitants de leurs terres cultivables au profit de l’exploitation minière et cela sans respect des procédures et sans contrepartie.
Dans la province du Sud-Kivu, des accidents ne cessent d’être rapportés dans des sites miniers, ce qui traduit une faible organisation et un encadrement de la part des services attitrés.
Si l’on se vente à ce jour de la hausse de la production à la suite des efforts fournis dans la canalisation et la traçabilité des minerais de 3T, il faut pourtant noter que les communautés locales n’ont pas vu suffisamment d’impact.
Les routes menant vers les territoires où sont exploitées ces matières sont toujours impraticables à l’instar de celle qui conduit vers Fizi, Shabunda, Mwenga ou encore Kalehe. Bien plus, l’accès aux services sociaux de base tels que la santé et l’éducation est toujours sujet à problèmes.
Actuellement, rapportent des rapports des organisations de la société civile évoluant dans le secteur, les coopératives minières seraient devenues un passage pour des étrangers ou mieux un cheval de Troie pour donner un chèque en blanc à la fraude minière.
En effet, au nom de certaines coopératives, des sujets étrangers vont au-delà des droits leur reconnus notamment par exemple en transformant les permis de recherche en permis d’exploitation sur des zones classées en violation code minier.
Ayant annoncé son intention je cite « d’audite le secteur minier » fin de citation, le nouveau Gouverneur devra avoir les nerfs solides et bénéficier d’un véritable appui des organisations de la société civile afin d’imposer le respect des textes légaux dans la perspective de voir la province du Sud-Kivu bénéficier des dividendes issues de son sous-sol.
Cette logique s’impose tant il est vrai que ces dernières années, le pouvoir central ou du moins des individus au niveau national se seraient illustrées dans la signature des contrats avec des sociétés étrangères à partir de Kinshasa et les autorités en province n’ont fait que subir.
Par Etienne Mulindwa