Elles sont comptées par centaines, tous habitant des villages Kabushwa et Mabingu, Territoire de Kabare en province du Sud Kivu ; victimes des atrocités de la milice « Mouvement de protection des droits de peuples autochtone pygmée » commandée par le colonel autoproclamé Chance MUHONYA, et n’attendent que justice soit faite.
Fin 2018, plusieurs groupes armés avaient occupé le parc national de Kahuzi Biega, dans la province du Sud Kivu. Entre 2019 et Juin 2020, la milice commandée par Chance MUHONYA a soumis des centaines de populations civiles des plusieurs villages à des atrocités, faisant plusieurs victimes de meurtre, pillage, viol, torture et enrôlement d’enfants de Kabushwa et Mabingu, en groupement d’Irambi. Selon les données fournies par TRIAL International.
Le Ras-le-bol des victimes
Ouvert à la Cour Militaire du Sud Kivu en Novembre 2020 à Bukavu, le procès n’a pas toujours connu une issue ; pour les victimes, on perd patience.
Ces victimes en collaboration avec les habitants des villages précités projettent organiser des manifestations pacifiques pour attirer l’attention des autorités judiciaires afin de traiter avec célérité cette cause. Selon l’une des victimes et habitant de Kabushwa, qui a requis l’anonymat, la léthargie observée dans le traitement de ce dossier encourage les habitants à recourir à la justice populaire pour régler leurs différends qui pourtant devraient être réglés par voie judiciaire afin de décourager d’autres auteurs, présumés des crimes dans la partie Est du territoire national.
Et au président de la Société civile du milieu, John HABAMUNGU de compléter en ces termes : « les victimes ont plus besoins des audiences foraines pour apporter leurs preuves, comme des cicatrices visibles sur leurs corps ».
La confiance des justiciables par la bonne administration de la justice : cheval de bataille de la justice militaire
Le droit à un délai raisonnable dans la prise des décisions, le traitement des demandes des justiciables dans les meilleurs délais, le respect des droits de défense, le rapprochement de la justice aux justiciables, … la Cour Militaire de Bukavu ne veut pêcher sur aucun détail. Contre vents et marées, la juridiction militaire ne ménage aucun effort pour faire aboutir dans le respect des règles procédurales ce procès attendu de tous.
Après des débuts prometteurs, seule la nécessité d’une enquête complémentaire et l’arrestation en cours d’instance du BOZY n’ont su freiner l’élan de la Cour Militaire en l’obligeant de suspendre son travail. L’une a permis aux enfants victimes de recrutement de pouvoir apporter leur témoignage et participer à la procédure.
Notons que le major BOZY, cet élément des Forces Armées de la RD Congo arrêté en avril 2021 est reproché d’avoir fourni les munitions d’armes de guerre à la milice de Chance facilitant ainsi la commission des crimes. Son ajout à la procédure sous RMP 2416/MAK/2020 et RP 0138/20 et l’enquête complémentaire serviront à faire la lumière sur les crimes de Kabishwa, Mabingu et établir les responsabilités à la satisfaction des victimes.
Vers des audiences foraines à KATANA
Alors qu’en RD Congo, la justice en général et celle dite militaire en particulière fait toujours l’objet des critiques, rares sont ces voix qui savent reconnaitre ses efforts dans la lutte contre l’impunité des crimes de masse commis dans la partie Est du pays.
En RD Congo plusieurs procès de crimes de masse en provinces d’Ituri, du Nord et Sud Kivu prennent une forme bien particulière : celles des audiences foraines, organisées au lieu de commission des faits.
Du côté de la Cour Militaire, tout est prêt pour poursuivre ses audiences à Katana et rendre son verdict dans cette affaire. Grâce à l’appui des acteurs de la Task Force* du Sud Kivu, la juridiction pourra organiser à partir de la fin de du mois d’Août les audiences foraines à Katana.
Article rédigé avec le soutien et l’appui financier de RCN Justice et Démocratie
Par Furaha CHITERA
Task Force : est un réseau informel d’acteurs internationaux qui coopèrent afin de soutenir le travail des juridictions militaires congolaises dans l’investigation et la mise en accusation des auteurs de crimes de masse au Sud Kivu.