Par Etienne Mulindwa
Les journalistes, les responsables des services étatiques, les autorités, les éleveurs et agriculteurs ainsi que les membres des comités mixtes bénéficiaires de la campagne de vulgarisation de l’arrêté sur la transhumance saluent son déroulement et les résultats engrangés.
Au terme de deux mois de sa mise en œuvre dans les territoires d’Uvira et Fizi, les bénéficiaires expliquent que ce projet a contribué à bien d’égards à l’amélioration du travail des uns et des autres dans la résolution des conflits entre agriculteurs et éleveurs de cette part du Sud-Kivu.
Pour l’inspecteur en charge de pêche et élevage dans le territoire d’Uvira, les différentes méthodologies et approches utilisées par Radio Maendeleo ont permis d’atteindre un éventail plus large de personnes.
C’est notamment les émissions publiques réalisées aux marchés de Luvungi dans le territoire d’Uvira et Kalembelembe dans le territoire de Fizi mais aussi d’autres émissions et messages éducatifs que nous avons suivis, a expliqué Elie Kijanda.
« … j’ai apprécié la méthodologie utilisée par Radio Maendeleo. Nous avons accompagné les journalistes et animateurs de Radio Maendeleo dans plusieurs sites en territoire d’Uvira notamment à Kiliba, Sange et Luvungi. On a sensibilisé, on a vulgarisé l’arrêté auprès des autorités à l’intention des autorités et chefs coutumiers. Nous avons été dans le marché et on a eu le temps d’échanger avec toute la population. Pour moi, la méthodologie était bonne car lorsqu’on se retrouve dans des ateliers on ne peut atteindre que quelques personnes parfois moins de 30. Mais lorsqu’on est dans un marché, le massage passe vite que dans des ateliers. J’ai vu des gens curieux qui ont posé des questions et cela nous a permis de comprendre la dynamique… en tout cas j’ai vu des gens intéressés juste pour avoir suivi l’exposé ou les interventions des uns et des autres… », témoigne Elie Kijanda.
Au sujet des changements observés, Elie Kijanda parle d’une évolution dans l’attitude de certains responsables des associations des agriculteurs et éleveurs.
« je ne peux pas dire grand-chose à ce sujet. Néanmoins je dois préciser que nous nous attendions à une transhumance très conflictuelle en cette période mais ça n’a pas été le cas. Dans les entités dont les ressortissants ont pris part à ces séances, il y a eu moins de conflits et je crois que c’est aussi grâce à ces différentes activités de Radio Maendeleo car les participants ont été enjoints d’aller en parler, restituer et travailler dur pour réussir une transhumance apaisée. D’ailleurs si nous avons demandé qu’on aille à Kiliba pour le dernier forum, c’était parce qu’il y avait un risque d’explosion… dans d’autres villages comme à Luberizi et dans des coins vers Kaholoholo, l’arrêté n’a pas été vulgarisé et c’est pourquoi on a pas pu éviter les conflits… voilà pourquoi je recommanderait qu’on aille encore plus loin, renforcer les activités… », conclut l’inspecteur en charge de pêche et élevage dans le territoire d’Uvira.
Pour les journalistes des radios partenaires à Uvira comme à Fizi, la diffusion des messages éducatifs et des émissions a permis d’atténuer les conflits entre les agriculteurs et éleveurs.
Innocent Muhala, journaliste et directeur de la Radio Communautaire Mutula de Luvungi explique que même la qualité des productions des présentateurs des émissions a évolué car la sensibilité aux conflits est prise en compte avec une référence sur les articles clés de l’arrêté relatifs à la transhumance.
« au niveau de la communauté, il y avait de conflits terribles entre agriculteurs et éleveurs mais avec les messages éducatifs et les émissions produites, nous avons des feedbacks des auditeurs. A travers les thématiques abordées, je peux dire que les agriculteurs comprennent leurs rôles au même titre que les éleveurs. Et déjà cette façon de faire contribue à la réduction des tensions liées à la transhumance… au niveau de la Radio, je précise qu’à travers la formation reçue par certains journalistes, il y a une nette amélioration dans la qualité des productions. Les journalistes savent déjà comment orienter le sujet et les différents angles. Cela fait la fierté au niveau de la Radio car les magazines sont tant soit peu professionnels… connaissant ce que dit l’arrêté et s’y référant constamment, les productions sont d’une qualité acceptable et notre collaboration avec Radio Maendeleo à travers l’appui du PNUD est bonne », a-t-il témoigné.
Même son de cloche pour Assani Muzungu Tony, journaliste à la Radio Communautaire Muungano de Fizi.
« nous avons bénéficié d’une très bonne formation qui nous aide aujourd’hui à mieux aborder les sujets relatifs aux conflits entre agriculteurs et éleveurs. Des articles pertinents nous été expliqués car c’était au fait la première fois d’apprendre qu’il y a des textes qui régissent ce secteur. On ne savait pas vraiment. On produisait seulement des émissions sans orientation nécessaire mais grâce à cette formation, nous avons amélioré. Je dois aussi préciser que nous avons reçu les copies de cet arrêté et nous prenons soin de nous y référer régulièrement. Un des changements dans la communauté, c’est qu’ils ont vraiment compris. Tous ne peuvent pas changer au même moment mais déjà lorsque l’information a circulé, il y a beaucoup de chances », témoigne Tony.
Pour certains membres des comités mixtes agriculteurs et éleveurs, les pratiques ont commencé à changer. L’un des grands défis, explique Adela Kwibe, venue de Luvungi, reste le comportement de certains éleveurs qui se croient intouchables.
« en tout cas nous étions ignorants de l’existence des textes qui réglementent nos activités pourtant il s’agit des dispositions très importantes pour nous. Nous disons merci à Radio Maendeleo et son partenaire le PNUD. Avec les émissions que nous avons suivies et les séances avec les autorités, nous commençons à remarquer certains changements. D’ailleurs, nombreux ignoraient les sanctions et c’est ce qui faisaient à ce que les éleveurs se considèrent comme des super hommes. Avec cette campagne de vulgarisation de cet arrêté, nombreux ont compris qu’ils peuvent même subir la prison et cela a permis de réduire un peu ces genres de comportements… donc, il y a des changements mais il faudrait en faire plus ; donc intensifier la sensibilisation »¸a-t-elle expliqué.
Précisons que cette campagne de deux mois organisée avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD sous l’appui financier du gouvernement de la Suède a ciblé plusieurs activités.
Il s’agit notamment des émissions publiques, des émissions avec les parties prenantes tels que les agriculteurs et éleveurs, les services étatiques en charge de l’agriculture et élevage, les autorités locales ainsi que les acteurs de la société civile des zones ciblées par les conflits, les messages éducatifs, les séances de redynamisation des comités mixtes agriculteurs et éleveurs ainsi que la formation des journalistes des radios partenaires à Uvira et à Fizi.