La situation socio-économique dans la commune rurale de Minembwe est délicate suite aux mutations favorisées par l’arrivée au Sud-Kivu de l’AFC/M23.
Toutes les voies d’approvisionnement en vivres et médicaments qui existaient auparavant, à savoir l’aérodrome de Minembwe et les routes sur les collines en amont, ne sont plus fréquentables depuis le mois de février dernier, une situation qui isole complètement cette entité du reste du territoire national.
Depuis lors, le centre commercial de Madegu à Minembwe a cessé d’être opérationnel, avec pour conséquence directe une rareté des biens et une flambée des prix des produits de première nécessité.
Selon Sebagabo Santos, vice-président de la société civile noyau de Minembwe, après le départ des Forces Armées de la RDC le 21 février dernier, la voie routière par laquelle les camions approvisionnaient Minembwe en vivres a été fermée.
Tel est le cas également pour l’aérodrome de Minembwe qui enregistre fréquemment des frappes de drones, ajoute notre source.
Devant une telle impasse, les habitants ont d’abord pris pour option de se diriger au marché dit Mitamba, dans le groupement de Bijombo, dans les hauteurs du territoire d’Uvira, un trajet qui impliquait presque une semaine de marche.
Cependant, ce marché a été fermé à la suite de l’insécurité et cela après le meurtre d’une personne sur ce trajet, renchérit Sebagabo Santos. Aujourd’hui, dit-il, les dépôts des commerçants sont dégarnis des produits.
Seules certaines rares personnes disposent de stocks qu’elles acquièrent au prix du sacrifice, en empruntant à pied des chemins périlleux, ce qui impacte la structure des prix au niveau local.
À titre d’exemple, une tige de savon coûte 20 000 francs congolais alors qu’à Bukavu elle est disponible à 4 000 francs congolais. Un verre de sucre coûte approximativement 5 000 francs, soit dix fois son prix sur le marché de Bukavu.
La société civile signale aussi que le litre d’essence s’achète à 40 000 francs congolais, soit plus de dix fois son prix à Bukavu, tout autant pour la lame de rasoir qui se vend à 1 000 francs congolais.
Notre source indique que la vie devient incertaine à Minembwe et que la santé des habitants est sans assurance, car les structures de santé sont dépourvues de médicaments.
De nos jours, évoque-t-il, il est difficile d’acheminer un malade de Minembwe vers des structures spécialisées à Bukavu. Il demande au gouvernement de la RDC et aux autorités de l’AFC/M23 d’ouvrir un couloir humanitaire pour atteindre Minembwe.
Sebagabo Santos invite aussi le bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies OCHA à organiser un acheminement des médicaments et des vivres pour les habitants.
Sur le plan social, il indique que les communautés cohabitent. Néanmoins sur le plan sécuritaire, ajoute-t-il, les combats se déroulent loin de la population qui vit dans la quiétude excepté les frappes récentes contre l’aérodrome qui selon lui ont causé des pertes civiles.
Enfin, au nom des habitants de Minembwe, le vice-président de la société civile locale encourage les négociations et dialogues qui réunissent les parties en conflits pour ramener la paix dans la région des Grands Lacs.
Par Expedit Kyalu