L’Union pour la Nation Congolaise (UNC) suspend Norbert Yabe Ntayitunda de son poste de secrétaire interfédéral du parti au Sud-Kivu.
Il lui est reproché d’avoir participé à un atelier organisé, soi-disant, par l’AFC/M23 à Bukavu.
Dans un communiqué officiel, l’UNC rappelle à l’opinion qu’elle n’a mandaté personne pour prendre part à une telle activité et condamne les agissements de son secrétaire interfédéral.
Certains acteurs sociaux et politiques, ainsi que les organisateurs de ladite activité, jugent infondée cette décision qu’ils estiment basée sur des considérations subjectives.
Beaucoup rappellent, en premier lieu, que l’activité à laquelle l’UNC fait allusion n’a nullement été organisée par l’AFC/M23, mais plutôt par le Cadre Indépendant de Réflexion et d’Action pour le Devenir de la RDC (CIRAD RDC).
À ce titre, cette structure de la société civile a invité la crème intellectuelle — précisément les médecins, acteurs politiques, avocats, professeurs d’université, défenseurs des droits humains et acteurs de développement — pour une réflexion autour de l’idée du fédéralisme, ajoutent ces analystes.
Au-delà des scientifiques, les autorités de l’AFC/M23 ont également été conviées à l’activité pour donner leur perception de l’idée du fédéralisme, clarifie un des animateurs du CIRAD que Radio Maendeleo a contacté.
Ce dernier indique que l’atelier a permis à toutes les tendances de donner, en toute indépendance, leurs vues sur l’idée du fédéralisme, ce qui a permis de récolter non seulement les avis convergents, mais aussi les opinions opposées à cette dynamique.
Brandissant l’invitation adressée à Norbert Yabe, des analystes précisent qu’il a été associé à la réflexion comme acteur de développement, défenseur des droits humains et, de surcroît, ancien président du Conseil de l’Ordre des avocats au Sud-Kivu, et non comme délégué de l’UNC.
Cette tendance à indexer toute personne qui se retrouve dans les mêmes lieux que certains animateurs du M23 est frauduleuse et dangereuse, car elle risque d’occasionner des jugements irrationnels, s’inquiètent les mêmes analystes.
Ces derniers rappellent que, pour des raisons professionnelles ou autres, il est tout à fait normal de se retrouver aux côtés des autorités de l’AFC/M23, auprès desquelles des services peuvent même être sollicités, considérant qu’ils administrent une grande partie des provinces du Sud-Kivu et du Nord-Kivu.
Une autre frange d’analystes voit dans cette décision un agenda caché au sein de l’UNC visant à priver l’intéressé du droit de siéger à l’Assemblée nationale comme premier suppléant de Vital Kamerhe, au cas où ce dernier venait à renoncer à ce poste après avoir été évincé du perchoir de cette institution.
D’aucuns estiment que cette décision constitue un précédent fâcheux qui pourrait priver plusieurs personnes de leurs droits, particulièrement celles qui vivent dans les zones sous occupation de l’AFC/M23, dans un contexte où la cohésion nationale est pourtant recherchée.
En conclusion, d’aucuns estiment que le secrétariat général de l’UNC devrait revenir sur cette décision et invitent les uns et les autres à faire preuve de discernement, d’investigation et d’analyse avant d’indexer, souvent à tort, X ou Y d’être de mèche avec telle ou telle tendance.
Par Expedit Kyalu