Plus de huit mois après la chute de la ville de Bukavu et de plusieurs autres entités de la province du Sud-Kivu aux mains de l’AFC/M23, ainsi que l’isolement de plusieurs zones de la ville, la cité de Kamanyola peine à se relever du choc induit par la guerre.
Sur le plan socio-économique, l’ambiance tarde à renaître dans les différents marchés, dans le transport en commun tout comme dans le secteur de l’hôtellerie.
Des témoignages concordants rapportent que, depuis le mois de février dernier, les habitants de Kamanyola, en territoire de Walungu, font face à une situation socio-économique inquiétante.
C’en est d’abord à la suite des déplacements massifs des habitants, dont certains ont fui vers les pays voisins et tardent toujours à revenir, et ensuite à cause des affrontements récurrents dans les villages environnants entre les résistants Wazalendo et les troupes de l’AFC/M23.
Au poste frontalier entre la RDC et le Rwanda, par exemple, les activités commerciales restent toujours timides. Alors qu’elles étaient autrefois florissantes, les activités de restauration sur le tronçon menant vers le poste frontalier ou encore à la bifurcation de la route Ngomo n’ont toujours pas repris.
Tous les restaurants ont dû fermer leurs portes par manque de clients, plongeant ainsi plusieurs personnes dans le chômage. Il en est de même pour plusieurs hôtels qui ont été obligés de fermer leurs portes par manque de demande pour les services proposés, indique un des responsables locaux contacté.
Par ailleurs, le trafic Kamanyola-Uvira reste toujours coupé, une situation qui crée une rareté des produits de première nécessité, essentiellement ceux alimentaires, comme par exemple les frétins frais et séchés du lac Tanganyika, mais aussi la viande de bœuf qu’on achetait à partir d’Uvira.
Même le transport local reste non opérationnel, car aucun client n’est disponible, obligeant les conducteurs de taxi-motos et de taxi-voitures à rester au chômage.
Pour ce qui est des activités champêtres, indiquent des sources sur place, tout reste perturbé sur les collines surplombant l’ouest de Kamanyola et de l’autre côté de la rivière, en territoire d’Uvira, créant un environnement favorable à une crise alimentaire au sein de la population.
Dans le secteur de l’éducation, par contre, les écoles ont rouvert leurs portes, mais plusieurs parents dont les enfants sont à l’école secondaire continuent de se plaindre du manque de moyens nécessaires pour la prise en charge de leurs dépendants.
En clair, plus de huit mois après, la cité de Kamanyola, où l’ambiance était jadis vive avec un choc entre des milliers de personnes de communautés confondues, continue de sombrer. Cependant, certains habitants tentent de résister au choc dans l’espoir d’un lendemain rassurant, indique un activiste des droits humains joint par la rédaction de votre radio.
Étienne Mulindwa