Le territoire de Shabunda continue d’être enclavé. Depuis l’avènement de la guerre, la fermeture des aéroports de Goma et Bukavu a empêché tout approvisionnement de cette partie du Sud-Kivu en denrées alimentaires et tous les autres produits nécessaires pour assurer la survie de la population.
Depuis lors, la seule voie d’approvisionnement est restée la voie routière pour les engins ou les piétons qui doivent emprunter, à partir de Shabunda centre, des centaines de kilomètres pour arriver à Kindu dans le Maniema, un tronçon très périlleux.
Pour ce qui est de ce tronçon précisément, des sources sur place indiquent qu’il faut plus d’une semaine pour un conducteur de taxi-moto afin d’atteindre Kindu, une ville qui ne donne que du sel en grande quantité.
Des usagers indiquent par ailleurs qu’il faut plus de 200.000Fc par passager et par course à moto. Au regard des dangers que présente ce tronçon, très peu d’opérateurs prennent le risque et lorsque cela est fait, c’est à une très faible quantité.
Sur le marché à Shabunda centre, c’est la rupture totale depuis plusieurs mois. Il faut désormais se contenter des produits locaux issus des champs ou des étangs piscicoles, rapporte un acteur de la société civile contacté.
Très loin de Shabunda centre précisément dans les zones qui étaient encore accessibles par véhicule à savoir Mayimingi, Kibandamongobo, Evary, Isezya, Lubimbe, Nyalubemba, Mulungu et l’ensemble de Kigulube, c’est plutôt l’intensification des combats et la présence impressionnante des militaires et autres porteurs d’armes qui sont venues envenimer la situation.
En effet, depuis la prise de Walungu et l’intensification des combats qui ont conduit à la chute de Kaniola, Nzibira, Tchulwe et les tous premiers villages à l’entrée de Shabunda, aucun véhicule n’a atteint ces entités, rapportent les transporteurs sur l’axe.
Ces dernières semaines, des affrontements atroces ont opposé des troupes Wazalendos appuyés par les FARDC aux troupes de l’AFC/M23 dans les hauteurs de Kibandamangobo et Mayimingi.
Déjà dans la nuit de lundi 10 à mardi 11 novembre 2025, des détonations à l’arme lourde et légère ont à nouveau été entendues plongeant les habitants de cette zone dans une psychose généralisée.
Dans tous ces villages de la chefferie de Bakisi et entités voisines, les habitants ont carrément pris la direction de la brousse et vivent dans des conditions déplorables manquant même des bâches et autres effets pour se protéger contre les intempéries.
Ici aussi, par manque de tout véhicule pour approvisionner les populations, il s’observe une rupture totale des biens sur le marché. Les plus courageux parcours des kilomètres jusque dans des centres comme Cifunzi en territoire de Kelehe juste pour avoir ne fut-ce que le sel et du savon, déplore un activiste des droits humains de la place.
Celui-ci dénonce également un désordre orchestré dans le chef des combattants proches de Kinshasa qui, n’étant pas organisés, s’adonnent à un pillage des biens des paisibles populations et leurs champs sous prétexte qu’ils doivent survivre vu que Kinshasa ne s’occupe pas d’eux.
A Shabunda centre comme dans ces autres entités, ces habitants déplorent la violence qui continue à régner en maître plaçant les habitants dans une précarité continuent d’où le plaidoyer pour l’implication de toutes les parties prenantes pour l’ouverture d’un couloir humanitaire et la cessation des hostilités pour permettre un retour normal des activités.
Par Etienne Mulindwa