Le cimetière de la Ruzizi, le seul grand et ancien cimetière dont dispose la ville de Bukavu au Sud-Kivu, est menacé de disparition depuis plusieurs années sous la barbe des autorités.
Dans cet endroit supposé réservé aux morts, il est actuellement difficile de retrouver un espace libre pour creuser des tombes pour ceux qui perdent à nouveau les leurs. Ce sont plutôt les maisons des particuliers que l’on retrouve dans ses limites.
Selon le constat de Radio Maendeleo sur place, des tombes sont collées les unes sur les autres et les espaces pour enterrement sont rares.
Ceux qui creusent des tombes révèlent qu’ils découvrent souvent des ossements et des habits, un signe qui démontre que les endroits déjà utilisés sont réutilisés pour les mêmes fins.
Outre cette situation, Plusieurs maisons ont été construites illégalement au-delà même des limites du cimetière de la Ruzizi et sans aucun respect aux morts.
Des tombes sont visibles dans plusieurs maisons et d’autres sont utilisées comme des tables à manger.
Certains enfants de moins de 10 ans circulent librement dans ce cimetière et d’autres enlèvent des croix en planche sur des tombes pour une utilisation dans la cuisson des aliments à en croire des témoignages recueillis sur place.
D’autres enfants y pratiquent le sport en longueur des journées pendant les adultes y pratiquent l’agriculture et construisent même des Eglises.
Un peu plus loin toujours dans ce cimetière, des parcelles sont en train d’être tracées et des tombes qui s’y trouvent sont détruits sans inquiétude.
Certaines personnes ont du mal à retrouver les tombes des leurs suite à cette spoliation.
Ceux qui ont des moyens commencent déjà à protéger les tombes de leurs proches par des matériaux durables pour éviter qu’elles ne soient détruites par des personnes mal intentionnées à la recherche des parcelles à cet endroit.
Il faut rappeler que le mardi 13 juillet 2020, le ministre provincial des affaires foncières a remis des lettres de mise en demeure à plus d’une trentaine des personnes qui ont construit dans le cimetière de la Ruzizi.
Ces correspondances invitent les occupants de ces maisons à quitter le lieu dans un délai de 8 jours avant une éventuelle démolition.
Des observateurs regrettent de constater que les autorités annoncent toujours des mesures pareilles mais qui souffrent d’application. C’est le cas du maire de Bukavu Meshack Bilubi qui avait annoncé le déploiement d’une police spéciale pour la protection de cet endroit.
Nombreux croient que des annonces et décisions anachroniques, non concertées et parfois contradictoires des autorités à certains niveaux favorisent plutôt la spoliation du cimetière de la Ruzizi à l’instar d’autres sites en province au lieu d’en favoriser la protection.
Point n’est besoin ici de rappeler que toutes les autorités ont toujours annoncé des mesures dans ce sens. C’est notamment les Gouverneurs de Province, la 33ème Région Militaire, la maire de Bukavu, les bourgmestres de la commune d’Ibanda (du reste gestionnaire du site, ainsi que les chefs de quartier Nyalukemba.
Entre temps des maisons continuent d’être érigées à cet endroit. Ceci pousse certains acteurs à penser que ce cimetière disparaît tout simplement pourtant certaines personnalités bien identifiées sont citées dans ces actes.
Etienne Mulindwa