Le procès en flagrance contre le policier soupçonné d’avoir tiré sur les manifestants lors de la marche du 31 juillet dernier organisée par la société civile du Sud-Kivu s’est poursuivi le samedi 5 aout dernier. L’audience a débuté avec l’ajout de nouvelles victimes et témoins sur la liste déposée la veille par les avocats des parties civiles et la poursuite des dépositions des autres qui étaient déjà enregistrées.
Plusieurs d’entre eux qui ont défilé devant la barre ont affirmé avoir vu les policiers tirer à balles réelles sur les manifestants qui pourtant étaient debout au bureau de coordination de la société civile après avoir été dispersés par les tirs des bombes à gaz lacrymogènes.
Ils ont même confirmé avoir vu et entendu les autorités urbaines de la police qui dirigeaient les opérations sur terrain en train de donner les ordres de tirer à bout portant sur les manifestants.
Selon les victimes, la plupart de balles ont été tirées entre le bureau de la DGI, la société civile, et le bureau de la CENI situé dans le bâtiment de la grand poste de Bukavu.
Au cours de son audition, le président du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu Me Patient BASHOMBE a indiqué qu’ils avaient bien informé la mairie de cette marche et que jusque dimanche 30 juillet dans la soirée, le conseil provincial de sécurité avait autorisé la marche mais avec changement d’itinéraire.
Ce dernier a indiqué qu’ils n’avaient jamais reçu la lettre portant interdiction de la marche. Me Patient BASHOMBE indique avoir découvert un document adressé au maire par le vice-gouverneur au niveau de la place de l’indépendance et c’est de la part du commissaire provincial de la PNC.
Au vu de ce qui précède, le général commandant de la PNC au Sud-Kivu leur aurait permis de marcher avec l’encadrement des éléments de l’ordre.
C’est alors que la marche a commencé. Me Patient BASHOMBE a indiqué que c’est au niveau de l’hôtel Résidence qu’ils ont été surpris par des coups de balles dont ils ignoraient la provenance.
Dans son intervention, le maire de la ville qui a été entendu au titre de renseignant a soutenu avoir respecté la procédure car ses services ont bien informé les organisateurs de l’interdiction de cette marche, une décision qui selon lui, est venue de la haute hiérarchie.
Malgré les efforts fournis en citant les documents émis pour justifier ses propos, les avocats de la partie civile ont décelé des contradictions et une violation de la Constitution et la loi sur les manifestations publiques.
N’ayant pas épuisé leurs questions, les parties ont introduit une requête demandant encore une fois la présence du maire à l’audience de ce lundi.
L’audience a été suspendue tard dans la soirée et remise à ce lundi 7 juillet pour faire comparaître d’autres victimes, des témoins et renseignants mais aussi passer à l’étape des plaidoiries et éventuellement prendre l’affaire en délibéré et prononcer le jugement.
C’est ce lundi que va comparaître aussi le commandant de la police district ville de Bukavu au titre de renseignant.