La ville de Bukavu souffre d’un manque criant des centres ou maisons de rééducation. Ces derniers sont des espaces ou les enfants en conflits avec la loi qui se rendent coupables des infractions doivent être placés pour leur permettre la réinsertion sociale et la rééducation.
Dans ces conditions les enfants sont placés dans les mêmes maisons carcérales avec les adultes, une situation qui viole leurs droits et les dispositions des lois de la Républiques et des Conventions internationales ratifiées par la RDC.
Plusieurs enfants détenus dans les prisons de la province du Sud-Kivu. Auparavant ces enfants étaient détenus dans les mêmes cellules que les adultes et soumis aux mêmes conditions de détention que ces derniers.
La prison, un milieu criminogène pour l’enfant
Actuellement des avancées sont à signaler. Un quartier spécial pour enfant a été créé au sein de la prison centrale de Bukavu pour distinguer ces deux catégories.
Malgré cette innovation, plusieurs défenseurs des droits humains estiment que la prison n’est pas le lieu où les enfants devraient être gardés.
Me Yvette KABUO, avocate et défenseur des droits humains estime qu’aussi longtemps que les enfants détenus à la prison centrale auront un contact avec les adultes, les conséquences sont énormes et le pays ne pourra rien attendre d’eux même s’ils étaient relaxés à l’avenir.
« Ces enfants sont l’avenir de demain. Il faudrait le garder dans les centres de rééducation pour qu’à la sortie ils soient utiles à la communauté. Dans le quartier spécial où ils ces enfants sont incarcérés, ce sont les même gardiens qui s’occupent des adultes qui s’occupent d’eux. Donc il n’y a pas de différence qu’on soit dans le quartier spécial ou dans la prison », regrette, Kabuo.
Ces propos sont relayés par Me Charles MUGARUKA MUPENDA, avocat et responsable d’une organisation qui réalise des activités de monitoring dans les maisons de détention et les prisons au Sud-Kivu, l’IBJ.
« La prison est un milieu criminogène pour ces enfants que l’on pouvait pourtant récupérer à l’avenir », fait savoir Mugaruka.
Malgré les lois, beaucoup reste à faire
Il faut pourtant remarquer que plusieurs conventions internationales protègent les droits de l’enfant même en cas de détention.
Selon l’esprit de la plupart d’entre elles la privation de liberté d’un mineur doit être une mesure prise en dernier recours et pour le minimum de temps nécessaire et être limitée à des cas exceptionnels.
En outre la durée de détention doit être définie par les autorités judiciaires, sans que soit écartée la possibilité d’une libération anticipée.
En RDC la loi 09/001 du 10 janvier 2010 portant protection de l’enfant, oblige l’Etat à assurer une meilleure protection des droits des enfants quelles que soient les conditions dans lesquelles il se trouve.
D’après le directeur exécutif pays de la Fondation Solidarité des Hommes, cette situation est due au manque des centres de rééducation pour encadrer ces enfants.
Fernando Nkana regrette que le seul centre qui a existé et voulait être réhabilité a été affecté à autres choses au détriment des enfants.
Ce dernier pense que c’est la volonté qui manque dans le chef des autorités du pays pour mettre en place une bonne politique de protection de l’enfant.
L’idée de la construction d’un centre de rééducation en termes de solution est considérée comme un idéal par le juge président du tribunal pour enfants, le juge Hilaire MWEPU
« Nous plaidons aussi que le gouvernement construise des centres de rééducation pour la garde de ses enfants. Actuellement nous nous contentons de ce quartier spécial en attendant. La difficultés est que les jeunes filles continuent à être incarcérées avec les femmes adultes », regrette Mwepu.
Contacté, le conseiller en charge des questions pénitentiaires au ministère provincial de la justice assure que des efforts sont en cours pour que les enfants soient traités à leur juste valeur conformément à la loi.
Pascal Katagondwa affirme que les enfants sont bien pris en charge et qu’un projet de construction d’un centre de rééducation est sur la table de la ministre.
Etant donné que les enfants constituent une catégorie vulnérable dans la société, les observateurs estiment que l’Etat à travers le ministère de la justice devrait faire diligence et traiter cette question en priorité pour sauver les générations futures.