Un projet d’accord de paix a été partagé avec la RDC et l’AFC/M23, avant une reprise des pourparlers de paix dans quelques jours, a déclaré, dimanche 17 août, un responsable qatari proche des négociations.
Selon Jeune Afrique, ce responsable a précisé que le médiateur qatari s’apprêtait à accueillir un important cycle de négociations à Doha, qui devrait débuter dans quelques jours.
Cette annonce intervient alors que la RDC et le M23 avaient signé une déclaration de principes à Doha le 19 juillet, dans laquelle les deux parties ont réaffirmé leur engagement en faveur d’un cessez-le-feu permanent, dans la foulée de la signature d’un accord de paix entre la RDC et le Rwanda à Washington fin juin.
Dans le cadre de cet accord, les deux parties avaient convenu d’élaborer un ensemble de mesures, notamment un mécanisme d’échange de prisonniers, avant d’entamer, le 6 août, des négociations formelles en vue d’un accord de paix global devant être signé au plus tard le 18 août.
Après la signature, le 19 juillet, d’une déclaration de principes à Doha, la RDC et le M23 s’étaient engagés à conclure un accord de paix définitif en moins d’un mois. Prévu au plus tard le 18 août, ce dernier se fait toujours attendre.
Bien que la date butoir du 18 août n’ait pas été respectée, les deux parties ont répondu positivement au facilitateur et ont exprimé leur volonté de poursuivre les négociations, indique Jeune Afrique, qui cite une source officielle à Doha.
De fait, les deux belligérants ont chacun publié un communiqué, le 17 août, pour réaffirmer leur engagement à œuvrer pour la paix.
Les discussions ont pris un nouveau tournant le 14 août, après que Doha a transmis un projet d’accord aux deux parties, qui ont confirmé avoir reçu le texte. Doha affirme maintenant qu’un nouveau round de négociations débutera prochainement et qu’une délégation congolaise ainsi que des membres de l’AFC/M23 y participeront.
Ces discussions auraient même dû reprendre depuis le 8 août, mais l’AFC/M23 a réclamé la mise en œuvre préalable de mesures de confiance, dont la libération de plusieurs centaines de prisonniers. Ce point reste la priorité de la délégation de l’AFC/M23 qui se rend à Doha, mais Kinshasa refuse de faire cette concession avant qu’un accord soit signé.
Si cette libération de prisonniers figure bien dans la proposition qatarie, le texte prévoit aussi la mise en place de plusieurs structures destinées à contribuer à l’instauration de la paix.
L’une de ces structures est le « mécanisme multilatéral de surveillance ». Censé être cogéré par la RDC et le M23, avec la participation – en tant qu’observateurs – du Qatar et de l’Union africaine (UA), ce mécanisme devrait permettre de veiller à l’application de l’accord.
Par ailleurs, le projet envisage un règlement du conflit en trois phases, qui devraient s’étaler sur au moins sept mois à compter de la signature d’un accord. La première, focalisée sur la situation humanitaire et sécuritaire, prévoit la formation, sous l’autorité du ministère de l’Intérieur, d’une force spéciale intérimaire.
Cette force spéciale intérimaire serait composée à 50 % de membres éligibles de l’AFC/M23, chargés de collaborer notamment avec des éléments de la police nationale. Son périmètre d’intervention serait circonscrit aux zones dites affectées dans les provinces du Nord et du Sud-Kivu, où elle serait l’unique force autorisée à intervenir.
À l’expiration de son mandat (cinq ans, renouvelable), ses éléments devraient être intégrés au sein de l’armée et de la police.
Outre cette force conjointe, le plan qatari envisage d’encadrer le retour de l’autorité de l’État dans les zones sous contrôle du M23.
Dans sa proposition, le Qatar évoque le rétablissement de l’autorité de l’État dans les zones concernées des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Cela passerait par la nomination, par le gouvernement congolais, d’autorités intérimaires au niveau local, sans exclure les candidatures suggérées par l’AFC/M23.
L’intérim de ces autorités de transition prendrait fin avec l’organisation d’élections dans la zone, prévues pour 2027. En parallèle, la proposition d’accord suggère l’organisation d’un dialogue national en 2026.
Unanimement réclamé par l’opposition congolaise, ce projet, porté depuis plusieurs mois par les Églises catholique et protestante, peine à décoller. La nomination d’un nouveau gouvernement le 8 août, avec l’intégration de certains opposants modérés, a repoussé un peu plus la perspective de ce dialogue, selon plusieurs analystes.
Par Étienne Mulindwa