Par Etienne Mulindwa
Les activités commerciales ont repris avec plus de vigueur et un engouement particulier au marché principal du village de Bibokoboko dans le territoire de Fizi. Ceci intervient après plusieurs mois de ralenti et/ou de non activité suite notamment aux guerres qui ont secoué cette partie du Sud-Kivu avec des conséquences sur la cohésion sociale.
Alors que le marché était devenu quasi-désert, le marché de Bibokoboko peut désormais accueillir les vendeurs et vendeurs ainsi que les acheteurs membres de différentes communautés vivant dans les moyens plateaux de Fizi comme dans le littoral du Lac Tanganyika.
Ceci a été possible grâce à l’implication de différents acteurs notamment les organisations engagées dans le projet TUNA WEZA, 8 mois depuis sa mise en œuvre.
Samedi 5 aout 2023, il est 13h 32 min dans ce marché de Bibokoboko qui accueille plus des 800 vendeurs et vendeuses venant de plus de 10 sous villages de Bibokoboko, Tujenge, Alele et de la ville de Baraka.
Ils accourent progressivement, exposent leurs marchandises sur les étalages et d’autres aménagent des espaces à même le sol dans un climat doux contrairement aux marchés de Baraka, JTM et Mwemezi où les usagers exercent sous un soleil de plomb.
Plus de 2000 personnes, commerçants et clients confondus sont accueillies chaque samedi dans ce marché de Bibokoboko depuis trois mois après que les messages de sensibilisation du projet TUNA WEZA aient été intériorisés par la population, explique le président de ce marché Nkurunzinza Ruhinza.
Désormais, l’accès aux produits en provenance de Baraka est possible, témoigne-t-il.
« ici, les gens de Baraka arrivent et nous amènent des poissons et du sel. Nous sommes vraiment contents de voir que nous n’avons plus assez de difficultés pour accéder à certains articles qu’on ne savait plus trouver. Ceux de Baraka achètent aussi des haricots et d’autres biens dont ils ont besoin. Nous remercions et saluons les efforts fournis par les organisations engagées dans le projet TUNA WEZA. C’est grâce à elles que nous arrivons à cette cohésion entre nous les Babembe, Banyindu, Bafuliru, Banyamulenga, Bafuliru, etc », poursuit-il.
En plus des poissons qui désormais sont disponibles dans les moyens plateaux de Bibokoboko, Everine Namutavu, une cliente qui est venue s’approvisionner à ce marché, parle également d’autres biens comme des souliers plastiques et les fournitures scolaires auquel il était désormais difficile d’accéder.
Pour elle, la reprise des échanges commerciaux entre la ville de Baraka et les villages de Bibokoboko constitue un salut pour toutes les communautés.
« je peux affirmer sans crainte qu’il y a déjà la paix et l’entente. Nous achetons les uns auprès des autres sans discrimination. Ici, il y a déjà un engouement car toutes les communautés fréquentent ce marché sans craintes. Pas seulement celui-ci mais plusieurs autres notamment celui de Tujenge entre Baraka et Bibokoboko. Il y a déjà quelques mois que nous venons tous nous approvisionner ici. Déjà en cette période de la rentrée, nous trouvons des fournitures scolaires, des habits et souliers pour nos enfants, ce qui était impossible les deux dernières années après la guerre. Si tu regardes bien, les gens venant de Baraka achètent ici de la farine et le haricot et retournent sans problème… », ajoute Everine Namutavu.
Pour Mme Souzane, commerçante qui fait régulièrement la route Baraka-Bibokoboko, les activités de sensibilisation à la cohésion sociale doivent se poursuivre suite à certains actes de stigmatisation qui sont encore perceptibles.
« … moi je suis vendeuse des fretins et poissons. Je descends à Baraka presque tous les deux jours pour acheter la marchandise et remonter pour revendre ici à Bibokoboko. En tout cas, jusque-là tout marche très bien. Pour ce qui est des discours de haine, il y a vraiment des avancées. Ça va déjà petit à petit et nous savons que c’est un processus. Il y a vraiment à améliorer car il y a des paroles stigmatisantes qui sont toujours prononcées par lorsque nous croisons certaines personnes. Nous espérons que ça va finir avec le projet TUNA WEZA », explique-t-elle.
Ce qui est déjà fait doit être pérennisé, ajoute Simuzigo Legrand, conducteur de taxi-moto communément appelé motard originaire de Baraka. Il plaide également pour la construction du marché de Bibokoboko au regard de sa capacité d’accueil et les conditions dans lesquelles les usagers exercent.
« vraiment, il y a déjà une confiance qui renaît et la cohésion sociale entre les membres de toutes les communautés ici chez-nous. Il y a ceux qui marchent à pied de Baraka à Bibokoboko et vice versa tandis que d’autres prennent les moyens de transport disponibles. Tout ceci, nous le devons aux efforts de plusieurs organisations notamment celles engagées dans le projet TUNA WEZA. Nous demandons seulement que ce marché soit construit parce que pendant la saison sèche tout comme la saison pluvieuse, la situation est compliquée. J’affirme que ce projet nous a suffisamment aidé », explique Simuzigo Legrand.
Au marché de Bibokoboko, le président nous fait observer quelques défis tels que le manque des latrines, ce qui pousse les usagers à se débarrasser dans la brousse aux alentours du marché.
Précisons que ce reportage est produit dans le cadre du projet TUNA WEZA qui vise notamment la cohésion sociale entre habitants de l’axe Baraka Bibokoboko. Il est exécuté par l’Union des Groupes d’Etudes et d’Actions pour le Développement de Fizi-Itombwe UGEAFI, Solidarité des Volontaires pour l’Humanité SVH, Radio Maendeleo et Habari Rdc avec l’appui du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD.
Le projet TUNA WEZA bénéficie du (en français : NOUS POUVONS) bénéficie du financement du gouvernement de la Suède.