Alors que le monde célèbre la Journée de l’alimentation chaque année le 16 octobre, des milliers de Congolais des provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu vivent toujours dans une pauvreté extrême, avec un taux élevé de malnutrition particulièrement chez les enfants.
Le nombre le plus élevé est localisé dans les rangs des déplacés ayant fui leurs villages à la suite des combats récurrents entre les troupes de l’AFC/M23 et les Forces armées de la RDC appuyées par les Wazalendos.
Selon plusieurs alertes des organisations de la société civile à Walungu, Kabare et Kalehe, par exemple, des déplacés se comptent toujours par milliers et leur situation laisse à désirer.
Après avoir tout abandonné derrière eux, ces déplacés se retrouvent à ce jour, les uns dans des familles d’accueil, les autres dans des sites temporaires et de fortune aménagés pour la circonstance.
Dans des familles d’accueil tout comme dans ces abris de fortune, ces déplacés n’ont pas à manger et leur accès aux soins de santé est sensiblement compromis. L’on rapporte des cas de kwashiorkor dans les rangs des enfants et des cas de décès par manque de prise en charge médicale.
Alors que les milieux ruraux vivent essentiellement de l’agriculture et de l’élevage, des centaines de familles dans ces territoires ne peuvent plus accéder à leurs champs, pourtant la période de semis pour la saison culturale A tend à sa fin.
À cet effet, la crise qui se ressent déjà au sein des familles risque de s’aggraver dans les prochains jours, surtout avec la poursuite des affrontements dans certains coins de Kabare, Kalehe et Walungu.
Pour les organisations de la société civile, la Journée de l’alimentation devrait être un moment pour les acteurs humanitaires, les autorités et les autres parties prenantes de réfléchir sur des solutions durables, pour qu’à la guerre des armes ne se rajoute pas la guerre de la faim, une situation qui peut causer une catastrophe humaine.
Tout en encourageant les interventions déjà observées dans certains endroits, notamment dans la distribution mensuelle des vivres aux déplacés et retournés, les organisations de la société civile plaident pour l’élargissement à d’autres entités qui n’ont jamais rien reçu.
Dans d’autres territoires comme Shabunda, Fizi et Mwenga, c’est plutôt le non-accès des véhicules et autres engins, le désengagement des partenaires humanitaires et l’instabilité sécuritaire qui sont à la base des problèmes d’alimentation.
Précisons que pour cette année, la Journée mondiale de l’alimentation est célébrée sous le thème « Main dans la main pour des aliments et un avenir meilleurs ». Elle appelle à une collaboration mondiale pour construire un avenir pacifique, durable, prospère et sûr sur le plan alimentaire.
Par Étienne Mulindwa