Il s’agit d’un résumé de ce qui a été dit par le porte-parole du HCR Baloch Babar – à qui peut être attribué les déclarations dans ce texte – au point de presse de ce mardi 30 janvier au Palais des Nations à Genève.
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés est préoccupée par une récente montée en violence dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), qui conduit un grand nombre de congolais à fuir vers l’est au Burundi voisin, en Tanzanie et en Ouganda.
Des milliers d’enfants, de femmes et d’hommes ont abandonné leurs maisons, au milieu des opérations militaires intensifiées contre les groupes armés Maï-Maï dans la province du Sud-Kivu. Depuis la semaine dernière, près de 7.000 personnes ont traversé vers le Burundi voisin et 1.200 autres vers la Tanzanie. Il est évident que beaucoup d’autres personnes se sont déplacées à l’intérieur du Sud-Kivu dans des conditions difficiles, sans abri ni nourriture
Les réfugiés avec qui nous avons parlé disent avoir fui le recrutement forcé, les violences ciblées et autres abus perpétrés par les groupes armés. D’autres disent avoir fui par peur et pour anticiper les opérations militaires en vue. Il est impératif que la liberté de mouvement, en toute sécurité, soit assurée aux personnes qui fuient les violences et que l’accès humanitaire aux personnes déplacées internes soit également facilité.
Les réfugiés qui cherchent à atteindre le Burundi le font principalement en traversant le lac Tanganyika à bord de petits bateaux de pêche. Les conditions d’accueil au Lac Nyanza et à Rumonge où ils arrivent sont rares, avec des abris, des installations sanitaires, de l’eau potable et la nourriture extrêmement limités. Ensemble avec les autorités et d’autres partenaires, le HCR transfère les réfugiés vers des centres de transit et des camps, déjà surpeuplés, au Nord et à l’est du Burundi.
Les citoyens congolais ne sont pas le seul groupe affecté. Le HCR s’inquiète également de la situation de plus de 43.000 réfugiés burundais qui vivent juste en face du lac au Sud-Kivu, essentiellement à Lusenda et Mulongwe. Bien que ces endroits n’aient pas été directement touchées par les combats, il est essentiel que toutes les parties au conflit respectent le caractère humanitaire des sites où les réfugiés sont et s’abstenir d’activités susceptibles d’entraver l’acheminement de l’aide et de l’assistance humanitaire.
En Tanzanie, les congolais arrivent également via le lac Tanganyika. Ils traversent directement du Sud-Kivu vers la ville de Kigoma et aux alentours. Nombreux arrivent épuisés et souffrants. L’afflux exerce une pression importante sur les installations sanitaires existantes ainsi que sur les abris et l’eau et beaucoup de gens n’ont pas d’autre choix que de dormir en plein air. Le HCR mobilise les secours, y compris la nourriture, l’eau et un soutien médical pour les zones qui reçoivent les réfugiés. Nous préparons également à transférer les nouveaux arrivants dans le camp des réfugiés de Nyarugusu dans le nord-ouest du pays.
En Ouganda, l’arrivée des congolais a également augmenté suite à un conflit plus loin vers le Nord en République Démocratique du Congo : violences intercommunautaires dans la province de l’Ituri ainsi que l’activisme des groupes armés et les offensives militaires au Nord-Kivu. Depuis décembre, plus de 15.000 personnes sont entrées en Ouganda soit à pied ou en traversant le lac Albert à bord de bateaux de pêche ou de canoës. Les arrivées en janvier, environ 330 personnes par jour, sont quatre fois plus que ce qu’elles étaient en décembre. Le HCR soutient les efforts des autorités ougandaises pour recevoir les nouveaux arrivants et les transférer vers deux sites, Kyangwali, 50 kilomètres à l’est du lac Albert et Kyaka II dans le sud-ouest du pays.
Le HCR est reconnaissant envers ces pays voisins qui accueillent les réfugiés de la RDC et compte tenu de la nécessité de sauver des vies, nous les encourageons à garder leurs frontières ouvertes aux personnes fuyant le conflit. La situation en République Démocratique du Congo est l’une des crises les plus complexes au monde et elle se détériore alors que les conflits locaux se multiplient. Ce début de 2018, quelques cinq millions de congolais ont été déplacés, environ 674.879 sont dans d’autres pays africains et 4,35 millions autres en interne. Cela place la RDC parmi les crises de déplacement les plus grandes au monde. |