La ville de Goma a abrité le vendredi 18 février 2022, l’atelier d’échanges sur le bilan et perspectives de productions journalistiques dans la lutte contre l’impunité en RDC. Au total une trentaine de participants dont les journalistes et avocats membres du « cadre de concertation entre journalistes et milieu judiciaire du Nord et Sud Kivu », auxquels se sont joints les membres de l’Union congolaise des femmes des médias de Goma ainsi que le staff de RCN J&D à Goma y ont pris une part active.
Les Journalistes et acteurs judiciaires collaborent au projet « Soutenir les efforts de la lutte contre l’impunité en RD Congo » depuis 2019, après avoir été sélectionnés et formés par RCN J&D sur « la justice pénale en matière de crimes internationaux et la couverture médiatique d’un procès pénal pour crimes internationaux », afin de communiquer de manière fiable sur le déroulement des procès pour crimes internationaux se tenant dans la partie Est du pays.
Cette grande assise qui s’est déroulée dans la salle de conférence de MBIZA Hôtel, dans la ville de Goma, a porté sur le thème « Journalistes, un des acteurs indispensables dans la lutte contre l’impunité en RDC », afin de favoriser le partage d’expériences (leçons apprises et bonnes pratiques) des journalistes dans la production journalistique sur les dossiers de crimes internationaux. Mais aussi maintenir le niveau d’intérêt des journalistes et des avocats à collaborer au-delà du projet dans la diffusion de l’information sur la justice pour crimes internationaux et encourager ainsi la promotion de la communication autour des procès pour les crimes graves en RDC.
Prenant la parole, Mr Emmanuel CHIBIKE, Responsable projets RCN J&D/Goma, a brossé le contexte, les objectifs du cadre de concertation et les résultats attendus. Il a fait savoir que dans le cadre dudit projet « RCN J&D met en œuvre l’activité d’appui aux productions journalistiques et de club d’écoute afin d’informer la population congolaise sur les avancées et les défis du traitement judiciaire des crimes internationaux. Conscient que la justice a intérêt à communiquer sur son travail afin d’éviter d’être mal jugée par l’opinion publique ; Que la presse a le droit et le devoir de s’intéresser au secteur judiciaire qui est vital pour la bonne marche de l’Etat en livrant des informations exactes, vérifiées et dans le respect des lois de la République. La recherche d’un équilibre entre les deux avait justifié la mise en place d’un cadre de concertation entre journalistes et acteurs judiciaires. Il s’agit donc d’un cadre informel qui permet une collaboration d’ensemble entre acteurs du milieu judiciaire et journalistes pour délivrer une information de qualité à la population ».
Et d’ajouter : « Quant aux objectifs du Cadre de Concertation, il permettait de poser les bases d’une saine collaboration entre journalistes et acteurs judiciaires ; ainsi veiller à la qualité et la fiabilité des informations judiciaires à diffuser dans les articles de fond ». .
Mr Emmanuel CHIBIKE a procédé également à un bilan des articles de fond produits dans les différentes affaires, une dizaine, comme Koko di koko, Vumbure, Hamakombo, Chance,… au Sud Kivu ; MIRIKI, SHEKA, JACKSON au Nord Kivu. La liste n’est pas exhaustive.
Dans la perspective de clôture du projet ; Afin de procéder à la capitalisation des expériences réussies et des échecs, dans le but de renforcer d’une part, l’expertise de RCN J&D en la matière et d’autre part, consolider et pérenniser les acquis de ce projet, des travaux en carrefour se sont réalisés, en marge de cet atelier du 18 février 2022, et ont abouti aux résolutions suivantes :
Le premier groupe qui s’est focalisé sur les leçons apprises et les bonnes pratiques a noté le renforcement de la collaboration entre les avocats et les journalistes dans la production journalistique au bénéfice de la communauté ; la compréhension du fonctionnement du métier du journaliste, de l’avocat ainsi que de l’appareil judiciaire ; l’accès à l’information judiciaire par la communauté ; l’amélioration de l’écriture journalistique en matière des crimes internationaux ; la communauté qui redonne confiance en la justice grâce au travail de la communication accompli par les journalistes avec les acteurs judiciaires et partenaires de la justice.
A son tour, le groupe 2 a présenté à la plénière les défis rencontrés dans les productions journalistiques. Il a été souligné la réticence des avocats au départ pour livrer l’information aux journalistes ; l’absence des productions pendant la période de Covid-19, conduisant à la suspension du travail dans les juridictions, etc.
Enfin le troisième groupe a planché sur les stratégies de pérennisation des productions journalistiques après le projet. Lors de l’exposé, des accents particuliers ont été mis sur la création de pool des journalistes travaillant sur la justice pénale internationale; l’exploitation des sujets sur la justice au sein des rédactions d’informations; la collaboration avec des journalistes disponibles formés sur la couverture des procès internationaux; les échanges continus et collaboration permanente entre journalistes et avocats,…
Au chapitre des témoignages, le journaliste Arcadius MATUNZI, un des participants à cet atelier a confié qu’il a été satisfait globalement et va pérenniser les acquis de cet atelier.
« Mes sentiments sont bons d’autant plus que j’ai appris beaucoup des choses du milieu judiciaire. J’ai été formé sur certains concepts techniques en droit. Maintenant, je suis capable de couvrir des procès internationaux sur des crimes de guerres et crimes contre l’humanité. Je suis capable de connaître la matrice d’un crime international. Pour moi, l’atelier d’aujourd’hui (ndlr : vendredi 18 février 2022) a été très bénéfique et pédagogique. Je vais capitaliser les acquis de cet atelier pour pérenniser mes productions journalistiques. Concrètement, je vais créer une émission qui parlera de la justice internationale. Car, dans l’Est de la RDC plus particulièrement dans la province du Nord-Kivu nous sommes durement touchés par le fléau de l’insécurité », a déclaré à chaud Arcadius Mutunzi, journaliste au pool Justice Pénale Internationale/RCN Justice et Démocratie et à la radio Alpha Omega basée à Goma dans la province du Nord-Kivu.
Article rédigé avec le soutien et l’appui financier de RCN Justice & Démocratie.
Par Eugide Abalawi