Poursuivant son instruction dans le dossier qui oppose le ministère public et parties civiles contre les prévenus Donat Kengwa Omari et Amani Ndeko Thierry poursuivis pour crimes internationaux, le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu a déjà écouté 25 victimes principalement celles venues du territoire de Shabunda.
Dans des audiences qui se tiennent devant le bureau du territoire de Walungu après l’étape de Miti dans le territoire de Kabare, le Tribunal instruit des préventions des crimes contre l’humanité commis entre 2017 et 2021 dans plusieurs villages de Shabunda et Kalehe.
A l’ouverture de l’audience le mardi 29 octobre, 12 victimes ont été confrontées à leurs bourreaux alors qu’au deuxième jour soit le mercredi 30 octobre 2024, 13 d’entre elles sont passées déposer par devant le tribunal.
Dans leurs dépositions, toutes ont témoigné des faits graves tels que l’esclavage sexuel, les tortures, pillages, assassinats, incendies, viols et enlèvements opérés par des éléments identifiés comme ayant été sous le commandement de Donat Kengwa Omari.
Certaines des victimes venues du même village dont est originaire le prévenu, ont parlé même de l’enrôlement forcé dans les groupes Raiya Mutomboki et la déportation.
Au premier jour, le prévenu Donat n’a pas voulu répondre aux questions du Tribunal ni de répliquer aux déclarations des victimes qui le chargeaient mais pour ce mercredi 30 octobre 2024, il fait un revirement, explique Me Arsène Mwaka, avocat au barreau du Sud-Kivu intervenant pour le collectif des avocats des parties civiles.
Comme à Miti dans le territoire de Kabare, les victimes comparaissent sous protection car cagoulées, identifiées sous des codes avec distorsion des voix pour éviter qu’elles soient reconnues par leurs bourreaux avec le risque des représailles.
Précisons que les audiences vont se poursuivre ce jeudi 31 octobre avec l’audition d’autres victimes. A Walungu, il s’agit de 40 qui seront entendues sur plus de 200 identifiées dans les villages du territoire de Shabunda où Donat et son groupe opéraient.
Ces audiences en chambre foraine sont organisées avec la facilitation de Trial International dans le cadre de la Task Force Justice Pénale Internationale, un réseau coordonné par le Bureau Conjoint des Nations Unies aux Droits de l’Homme BCNUDH et qui regroupe des acteurs nationaux et internationaux œuvrant pour la poursuite des crimes les plus graves.
Trial International a appuyé les ONG congolaises qui ont fourni une sensibilisation et un accompagnement aux victimes pour qu’elles puissent participer au procès et à coordonner le travail du collectif d’avocats qui représente les victimes tout au long de la procédure judiciaire.
Par Etienne Mulindwa