L’étape de l’audition des victimes dans l’affaire opposant le ministère public et parties civiles contre deux anciens miliciens mai mai du général auto proclamé Hamakombo a pris fin dans la soirée de jeudi 1e octobre 2020.
Pendant une durée de deux jours, au total 17 victimes notamment de viols, d’esclavage sexuel, de pillage et de meurtre ont été entendues par le Tribunal Militaire de Garnison de Bukavu siégeant en chambre foraine à Kalehe avant d’être confrontées aux accusés.
A des dates différentes notamment le 27 septembre 2017, ces victimes ont témoigné avoir vécu des atrocités du groupe armé Hamakombo dans différents villages de Bunyakiri à savoir Kambali, Chikowa, Katubiro, Chabunda et Kamanga.
Certaines d’entre elles ont même reconnu les deux présumés comme ayant fait partie des groupes qui ont attaqué leurs villages à plusieurs reprises. De leur côté, les accusés ont clamé leur innocence en indiquant avoir intégré ce groupe armé contre leur volonté et n’avoir participé à aucune opération ayant conduit à la violation des droits humains.
Avocat de la partie civile, Me Jogo Vunabandi Alphonse Marie-Fidèle se réjouit du déroulement des deux jours qui ont concerné l’audition des victimes.
Il déplore néanmoins l’incident lié notamment à la transmission par le ministère public, de la décision de renvoi aux accusés avec la liste contenant les noms des victimes. Du côté de la société civile locale, c’est un sentiment de satisfaction de voir ces audiences se dérouler sur place.
« de toutes les façons, les deux journées se sont bien passées. Néanmoins nous avons déploré un cas malheureux mercredi 30 septembre dernier parce qu’au moment où l’auditeur supérieur avait envoyé la décision de renvoi, il s’est fait que la liste des victimes est partie comme ça avec la décision de renvoi. Ceci a fait que nous avons eu des difficultés terribles à pouvoir appeler d’autres victimes parce que déjà leur sécurité pose problème… pour essayer de contourner cela, nous avons sollicité et obtenu une nouvelle codification des victimes en ignorant celle faite par l’organe de la loi… jusqu’au dernier jour, 17 victimes ont été présentées. Nous avons représenté d’autres parce que nous avions déjà des difficultés avec leur sécurité … pour l’instant, nous sommes confiant et nous faisons notre travail comme avocats. Les juges ont aussi leur travail et c’est le tribunal qui va au final dire qui a raison ou qui a tort… », a déclaré Me Jogo.
Signalons que les audiences se poursuivent ce samedi 3 octobre 2020 avec les plaidoieries des parties et le requisitoire du ministère public.
Elles se tiennent avec le soutien des organisations membres la Task Force Justice Pénale Internationale. Membre de cette Task Force Trial International intervient à plusieurs niveaux.
C’est notamment l’accompagnement des avocats des victimes dans l’élaboration de la stratégie juridique, le financement des missions de documentation, la facilitation des ONG locales dans les missions de recherche mais aussi l’encadrement des victimes.
Ce que Trial International fait avec les ONG locales
D’après le secrétaire exécutif du Centre d’Espoir pour les Droits Humains CEDH en sigle Me Gentil Akilimali, Trial International travaille beaucoup avec les organisations locales afin de promouvoir une justice au profit des victimes des graves violations des droits humains.
Il s’agit notamment du volet de documentation des crimes. Cette documentation passe par des contacts avec les victimes directes et indirectes ainsi que les communautés touchées, précise Gentil Akilimali.
Il ajoute que la documentation se solde par l’élaboration des rapports bien fouillés. Ces rapports sont présentés aux autorités et plus tard déclenchent des poursuites en justice contre les criminels identifiés.
Le Secrétaire Exécutif du CEDH précise qu’un autre volet est la sensibilisation des victimes avant pendant comme après le procès. Cette sensibilisation concerne le déroulement du procès, le comportement à adopter en plein procès ainsi que la protection et l’encadrement des victimes, ajoute Gentil Akilimali.
Etienne Mulindwa