Par Etienne Mulindwa
Les creuseurs artisanaux réunis au sein de différentes coopératives minières œuvrant dans les carrés miniers de Luhihi en territoire de Kabare dénoncent l’exploitation des matières premières dans leurs puits d’or par des personnes bien identifiées durant les heures nocturnes.
L’exploitation est faite alors que les activités minières y sont suspendues depuis plus de deux semaines par le Gouverneur de province. Ils l’ont déclaré au cours d’une descente effectuée sur place mercredi 17 Mars 2020 par Radio Maendeleo.
Sur place à Luhihi, ce sont des grincements des dents avec des visages remplis de tristesse et de chagrin qui caractérisent plus de 5000 creuseurs artisanaux employés dans les carrés miniers depuis fin Mars 2020.
Certains de leurs responsables estiment que le désordre évoqué dans l’arrêté du gouverneur suspendant les activités dans ce site minier est un désordre plutôt entretenu par les services étatiques y affectés. Les creuseurs sont bien organisés à travers leurs coopératives qui disposent déjà de tous les documents légaux, révèlent-ils.
Ils pensent que la suspension des activités a été dictée par certaines grandes personnalités de la ville de Bukavu qui, aujourd’hui, profitent de cette situation pour poursuivre clandestinement les activités manières avec la bénédiction de certains services étatiques.
« le fait de fermer occasionne encore plus de désordre. Et puis c’est un désordre occasionné plutôt par les services de l’Etat affectés à Luhihi et c’est vraiment regrettable. Parmi les motifs évoqués dans l’arrêté suspendant les activités, ils ont évoqué le fait que nous ne disposons pas de documents légaux pour fonctionner pourtant nous avons tous les documents signés par le Ministre et bien d’autres autorités concernées… ils nous ont demandé de respecter la traçabilité, chose à laquelle nous nous sommes engagés depuis longtemps… malheureusement lorsqu’on a trouvé la matière première, nous la remettons à l’administration des mines. Plus tard quand vous allez poser des questions, vous n’arrivez pas à la retrouver. Il faut simplement dire que c’est eux qui ne respectent pas la traçabilité », se plaint le Président des exploitants artisanaux de Luhihi Max Bilembo.
Ce dernier crie à une fraude organisée par ce qu’il qualifie de gros poissons qui veulent étouffer les petits exploitants miniers présents à Luhihi.
« il y a une grande organisation à Bukavu. Ce sont des gros poissons qui, lorsqu’ils apprennent que les puits sont productifs, ils montent des stratagèmes pour aller dire qu’il y a un grand désordre à Luhihi. Et lorsque le Gouverneur décide de la fermeture, ils viennent maintenant exploiter nuitamment avec la bénédiction des mêmes services que le Gouverneur a affectés ici. Nous avons déjà tous les noms et nous les avons transmis à la société civile. Si le Gouverneur ne sanctionne pas ces gens, alors nous dirons que la fermeture a été décidée juste pour enrichir ces gros poissons au détriment de nous qui sommes ici considérés comme des moins que rien. Imaginez-vous que des gens viennent récolter dans des puits ou nous avons travaillé durant des mois. Il y a de ces gens qui achètent des maisons dans au centre-ville de Bukavu pendant cette période pourtant c’est supposé que les activités sont suspendues… », insiste-t-il.
D’autres creuseurs et responsables des puits rappellent que ce sont pour la plupart des personnes qui ont contracté des crédits auprès des banques et quitté leurs familles pour se rendre à Luhihi qui sont victime de cette situation. Ne pas travailler durant un long moment les expose à un danger, expliquent-ils d’où l’appel à la reprise des activités.
Pour rappel, le Gouverneur Théo Ngwabidje Kasi a suspendu les activités minières dans le site minier de Luhihi depuis le 1er Mars 2021. Il a alors justifié cette décision par plusieurs raisons notamment les désordres y observés dans l’exploitation des minerais.
En réaction le Ministre provincial des mines Venant Burume dit ne pas être au courant de cette situation. En séjour à Kinshasa, le ministre promet de prendre contact avec ses services et réagir dès son retour.
Néanmoins, Venant Burume précise que les activités étant suspendues, personne n’est autorisé à entrer dans ce site. Selon lui, seuls les commandants de la Police et des Forces Armées de la République peuvent avoir une explication à cette situation car leurs éléments y sont affectés pour la sécurité.