Willson Irategeka, le Chef politique des combattants du Conseil National pour le Renouveau Démocratique (CNRD) serait décédé. C’est en tout cas ce que disent les sources concordantes à Mwenga dans le sud de la Province du Sud-Kivu.
Dans un reportage conjoint réalisé par Radio Maendeleo, Laprunelleverte.info et MRT9, tout porte à croire que la capacité opérationnelle de ce mouvement rebelle rwandais s’est fortement réduite.
Nous sommes le 15 Janvier dans la chefferie de Lwindi où plus de 100 combattants CNRD, une dissidence des Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda (FDLR) et leurs dépendants arrivent dans les après-midi à Ishungwe près de la rivière Zokwe en groupement Kigogo.
Parmi eux, des enfants et femmes malades. Malades, oui, peut-être à cause de la distance parcourue dans les forêts congolaises du Nord au sud Sud.
En effet, depuis quelques mois, les Forces Armées de la République Démocratique du Congo ont débuté des opérations de traque de ces rebelles Hutus Rwandais.
Les opérations commencées dans le territoire de Kalehe. Depuis, plusieurs combattants et leurs dépendants prennent le chemin des forêts pour fuir la force de frappe de l’armée loyaliste. Ils parcourent plusieurs territoires dont Kabare, Walungu ou encore Mwenga dans le Sud-Kivu.
Selon leurs témoignages, il leur a fallu à peine un mois pour atteindre Nyamaleke (Mwenga) venant de Kitindiro et ailleurs (Kalehe). C’est-à-dire du 28 novembre au 23 décembre de l’année dernière.
Leur objectif final était d’abord d’atteindre Kilembwe et Lulimba dans le territoire de Fizi « pour rejoindre les autres » et s’organiser pour faire partir « Kagame ».
Une vie dans les forêts congolaises, opération lavage des cerveaux
Sur place dans la chefferie de Luindi, ces CNRD se comptent désormais au bout des doigts. Ils disent d’ailleurs prêts à être rapatriés chez eux au Rwanda.
Pour certains, leurs parents, proches sont déjà dans le pays des mille collines et pour rien au monde, ils n’accepteraient plus de rester dans les forêts congolaises, « surtout que nous ne sommes même plus à 200» rappellent-ils.
Nous avons rencontré Patrice, 25 ans environs, il dit avoir passé toute sa vie dans la forêt entre Masisi, Walikale, Lubero et Rutshuru (Nord-Kivu), Kalehe et Mwenga (Sud-Kivu). Il dit ne pas comprendre le pourquoi de son combat mais dit-il, « ils nous ont dit que nous irons combattre Kagame et libérer le Rwanda ».
Des années après, Patrice reconnaît que cette guerre ne mène à rien. Il a perdu son temps «inutilement ».
«Ça ne sert à rien de continuer à courir. Je vois les gens mourir tous les jours. Je vois une génération s’éteindre dans les forêts congolaises depuis que je suis né» regrette-t-il, révélant avoir passé au moins 5 ans dans une classe à l’école primaire à cause des guerres qui devaient l’amener à fuir continuellement et ainsi interrompre les études.
Pourtant, reconnaît-il encore, il n’y a que leurs leaders qui savent vraiment ce qu’ils veulent. Il explique qu’aucun combattant ne connaît au préalable la destination si ce n’est leurs chefs.
Capacité humaine et opérationnelle totalement réduite
Dans leurs témoignages, ces combattants et leurs dépendants racontent que certains combattants et leaders ont laissé leur peau dans ces affrontements.
C’est par exemple leur leader politique Willson Irategeka. Un des combattants qui dit avoir été proche de lui explique qu’il n’est pas parvenu à rejoindre Nyamaleke après avoir été blessé à Kasika, toujours dans le territoire de Mwenga.
« il a été blessé dans les affrontements avec les FARDC. C’est quand on a vu qu’il ne nous a pas rejoint qu’on a tout de suite compris qu’il est décédé» explique celui-ci avec certitude.
Des combattants traités humainement par les FARDC
Quand on lui demande pourquoi il veut désormais se rendre à l’armée et s’il n’a pas peur d’être tué, « Patrice » dit avoir reçu des échos positifs de ce côté-là.
Il révèle d’ailleurs que certains d’entre eux se sont rendus et il y a des nouvelles qu’ils ne sont pas maltraités dans les mains des forces gouvernementales. Ses collègues devaient, en principe, être rapatriés au Rwanda aux côtés de plus de 2000 autres rapatriés récemment au cours des dernières semaines.
En attendant, « Patrice » veut revenir au Rwanda même s’il ne sait pas encore si sa femme a rejoint les rangs de ceux qui ont été rapatriés. Il dit vouloir une vie normale en faisant un travail qui lui permette de vivre décemment avec sa petite famille.
C’est son vœu le plus cher et appelle les autres groupes armés rwandais comme les FDLR à rejoindre le schéma du retour volontaire avant que les choses ne se compliquent pour eux.