Plusieurs députés provinciaux du Sud-Kivu désapprouvent la démarche de leur collègue Homer Bulakali tendant à obtenir la dissolution des assemblées provinciales sur l’ensemble de la République pour plusieurs raisons notamment la corruption et cela à travers une pétition.
Selon plusieurs d’entre eux qui sont passés au perchoir de l’hémicycle provincial pour donner leurs avis sur cette initiative, il s’agit bien d’une démarche qui ne vaut pas la peine car lui-même a été élu dans les mêmes conditions.
Ils estiment que le choix opéré par le peuple en date du 30 décembre 2018 est souverain et le fait d’entamer une telle démarche dénote d’une immaturité politique car lui seul devrait d’abord renoncer à son mandat.
D’autres par ailleurs estiment que cette démarche n’a d’autre objectif que de discréditer l’Assemblée Provinciale et recommandent à la population de ne pas y apposer leurs signatures car ce serait aussi une façon pour l’initiateur de se couvrir et se mettre à l’abri de tout soupçon de corruption.
« les honorables députés sont pointés du doigt par rapport à l’initiative de notre collègue et nous on ne peut pas se passer de telles affirmations parce que nous sommes des responsables et voilà pourquoi il était important qu’il nous donne des explications. S’il a des éléments pour prouver que des députés de Maniema, de Kinshasa ou du Maniema ont été corrompus, qu’il s’adresse à la justice et on verra. Nous sommes de grandes personnalités et moi je pense que s’il est fatigué avec les deux mois qu’il vient de passer à l’Assemblée Provinciale, qu’il démissionne », estime l’un d’eux et élu sous le label du PPRD en territoire de Kabare Jérémie Basimane.
Et en réaction, le député provincial Homer Bulakali précise que sa démarche est légale car l’article 27 de la Constitution de la RDC donne à tout congolais le droit d’initier individuellement ou collectivement une pétition à une autorité qui y répond dans les 48 après la réception.
Cet élu de Bukavu sous le label de l’UNC dit ne pas comprendre l’acharnement de ses collègues députés et pense que le fait de l’inviter à s’expliquer devant la plénière n’a aucun fondement légal car la Constitution précise que tout initiateur d’une telle démarche ne peut être poursuivi ou entendu juste pour cela.
Le député provincial Homer Bulakali précise qu’il ne renoncera pas à son mandat, que sa lutte sera menée de l’intérieur de l’hémicycle provincial jusqu’à ce que le président décide de la dissolution des Assemblées Provinciales.
« la Constitution permet à tout citoyen d’adresser individuellement ou collectivement une pétition à une autorité qui a l’obligation d’y répondre dans un délai record. Je ne comprends pas comment le bureau peut m’inviter à m’expliquer devant la plénière. Ça prouve qu’ils ne comprennent pas les lois de la République. Ils m’ont traité de tous les maux et je les pardonne car je ne descendrai pas aussi bas comme eux… j’ai initié une pétition avec ma base, demandant au chef de l’Etat de dissoudre les assemblées nationales et provinciales puisque probablement bâties sur la corruption… les allégations existent bien. Il faut aussi restructurer la CENI parce qu’elle est frappée par des sanctions à cause de la corruption et de réorganiser ces élections législatives sans allégations de corruptions. Le Président a été élu sur base d’un programme de lutte contre la corruption et on ne doit pas cracher sur la volonté du peuple… et lorsqu’on regarde l’acharnement de mes collègues qui ont tous voulu que je retire ma pétition, je commence à avoir des doutes. Peut-être qu’il y a des mal-élus qui ont peur de ne pas revenir si jamais les élections étaient réorganisées », explique-t-il.
Rappelons qu’il y a environ deux semaines, Homer Bulakali avait tenu un meeting au terrain de Funu dans la commune de Kadutu et au cours duquel il a évoqué la corruption de certains députés provinciaux lors des élections des sénateurs.
A cette occasion, il avait promis d’initier une pétition à adresser au président de la République afin d’obtenir la dissolution des assemblées provinciales et l’organisation de nouvelles élections législatives.