Plusieurs agriculteurs n’ont toujours pas accès à leurs champs en cette période de préparation de la saison culturale A, qui débute en septembre prochain.
Parmi les causes figurent la persistance des affrontements entre les éléments de l’AFC/M23 et les Wazalendo dans plusieurs villages, la crainte de tomber entre les mains des hommes armés dans les champs éloignés des grands centres, mais aussi le fait que plusieurs habitants sont toujours en déplacement.
Dans un entretien avec Radio Maendeleo, plusieurs agriculteurs indiquent que les endroits où se situent leurs champs sont devenus des bastions des groupes armés dont les appartenances restent floues à déterminer.
Aujourd’hui, indiquent plusieurs témoins, détenir une machette, une houe ou une hache suffit pour être considéré comme proche d’un ou d’un autre camp, et ainsi subir un châtiment qui peut aller de l’enlèvement à la mort, même s’il s’agit d’un simple paysan qui voudrait se rendre dans son champ.
« Aujourd’hui, avoir un outil de travail peut vous faire passer pour un ennemi et vous coûter la vie », témoigne un habitant.
Bien plus, le fait de quitter une zone contrôlée par un camp pour se rendre dans une autre zone contrôlée par un autre camp fait des paysans des éléments à surveiller de près, si pas à considérer comme ennemi, surtout dans les zones où les affrontements ont été violents et récurrents.
Au regard de ce contexte et de la peur généralisée qui s’est installée dans les milieux paysans, suite également aux accusations gratuites entre habitants, nombreux sont ceux qui ont des difficultés pour aller exercer les activités champêtres.
Ainsi, difficile de dire que la saison A va effectivement démarrer sur l’ensemble de la province du Sud-Kivu, surtout que la préparation des champs est déjà hypothétique, témoigne cet agriculteur qui a requis l’anonymat.
« Pour l’instant, c’est difficile de dire si la saison A va réellement démarrer sur l’ensemble de la province. Nous avons peur d’aller dans nos champs », confie-t-il.
Pour les experts, cette situation risque de provoquer la rareté des denrées alimentaires de première nécessité, surtout les produits champêtres dans certains territoires de la province du Sud-Kivu.
Pour, tant soit peu, pallier ce problème, des experts proposent aux paysans de prendre en location les champs proches de leurs habitations ou vers les zones éloignées des lieux d’affrontement.
D’autres proposent aux paysans de pratiquer les cultures de case dans leurs parcelles en mettant des semences qui peuvent être récoltées sur une courte durée, telles que les légumes.
« En attendant la stabilisation, les paysans peuvent semer des légumes comme l’amarante ou le chou dans leurs parcelles. Cela permet d’assurer un minimum d’autosuffisance », explique le docteur Papy Lwango Frédéric, chargé de production agricole chez RIKOLTO.
Dans les territoires comme dans la ville, les habitants voudraient voir une cessation définitive des hostilités, afin de permettre aux agriculteurs d’exercer dans de bonnes conditions et ainsi éviter les conséquences que pourraient provoquer la famine dans les jours à venir.
Par Samuel Habamungu