Par Etienne Mulindwa
La situation humanitaire devient de plus en plus intenable dans le groupement de Karhongo-Nyangezi ainsi ses entités et villages voisins dans le territoire de Walungu au Sud-Kivu.
Sur place, la situation est telle que des milliers d’agriculteurs ne peuvent plus se rendre aux champs, les malades dans différentes structures de santé reçoivent difficilement les visites et même les soins, d’autres ont carrément fermé les portes alors que les portes de l’école n’ont pas ouvert leurs portes depuis plus d’un mois.
Au sujet par exemple de l’accès aux champs, des témoins sur place rapportent que la crise sécuritaire s’est accentuée pendant que certains habitants avaient déjà labouré leurs champs y plantant quelques semences alors que d’autres s’apprêtaient à cet exercice pour cette saison culturale B.
A ce jour, expliquent des sources sur place, ceux qui avaient déjà planté ne peuvent plus accéder à leurs champs pour le suivi notamment le sarclage alors que d’autres ne peuvent plus rien cultiver.
Cette situation est due à l’intensification, ces dernières semaines, des affrontements entre les éléments se réclamant Wazalendo et les éléments du M23. Il s’agit de plus de 7 villages concernés entre autres Mulende, Lukananda, Nyamurambye, Kabiganda, Kamina, Chijingri, Chibimbi, Iraga et Ishuja, expliquent nos sources sur place.
En plus de l’intensification des combats, l’autre cause reste la situation sécuritaire précaire accentuée par les rumeurs persistante, faisant état des attaques imminentes des éléments Wazalendo sur les positions occupées par le M23.
Sous anonymat, un habitant contacté indique que chaque matin et chaque soir au moins un coup de feu est entendu, une façon qui effraie les habitants les poussant à rester chez eux ou alors à prendre fuite vers des destinations plus ou moins sécurisées.
Dans un contexte délétère, la saison culturale B 2025 risque d’être ratée pour les habitants de cette partie du Sud-Kivu, ce qui pourrait provoquer une crise alimentaire et une famine généralisées dans les jours à venir
Les sources de l’administration dans cette partie du Sud-Kivu indiquent que Karhongo-Nyangezi s’est vidée d’au moins 80% de ses habitants qui se sont rendus pour la plupart à Panzi dans la ville de Bukavu et autres villages voisins.
Les soins de santé, un sérieux problème
Sur le plan sanitaire, l’on rapporte la fermeture de plusieurs centres de santé à l’instar de celui de Munya qui est d’ailleurs pilote par rapport à d’autres comme celui de Mulende et Muzinzi, également fermé à ce jour.
Malgré la présence des malades, la situation sécuritaire n’a pas permis au personnel soignant de rester dans l’entité. A l’hôpital général, par contre, les malades font face à plusieurs difficultés.
Certains ne peuvent plus recevoir les visites de leurs membres de famille car ayant fui l’entité, une situation qui fait qu’un malade accède difficilement à la nourriture. Même si on a de l’argent, nous a confié l’un d’entre eux, on ne peut pas avoir où s’approvisionner car le centre commercial et le marché sont devenus presque fantômes.
Dans cette entité, des témoins rapportent que les hommes ne peuvent plus se mouvoir en tout sécurité même pour aller rendre visite à un malade ou amener un malade à l’hôpital.
» ce qui rend les choses difficiles, c’est qu’aucun homme particulièrement venant des villages environnant le centre de Munya, ne peut se déplacer sans être inquiété. Il sera considéré comme ennemi. Alors, ça fait que nous sommes traumatisé« , a expliqué un autre habitant de la place avant de s’interroger » comment alors nous allons vivre lorsqu’un homme ne peut plus se déplacer ? »
Sur le plan de l’éducation, des enseignants contactés indiquent que les écoles n’ont pas ouvert leurs portes depuis près d’un mois demi dans cette entité située dans la sous-division Walungu 2.
Cette situation suscite un questionnement sur le sort des élèves si la situation ne venait à s’améliorer dans les jours à venir, d’où l’appel aux belligérants et autres parties aux conflits à travailler pour un retour effectif et rapide de la paix partout en RDC.