Par Etienne Mulindwa
Près de trois ans après l’élévation de 32 femmes comme cadres de base dans différentes villages et avenues des quartiers du groupement de Kamanyola dans le territoire de Walungu, ces dernières n’ont toujours pas l’effectivité de leurs pouvoirs.
Ceci a été relevé lors d’une antenne décentralisée organisée sur place à Kamanyola par Radio Maendeleo mardi 2 Mars 2021.
Au cours de cette activité, les participants ont eu l’occasion de procédé à une évaluation des impacts de la participation de la femme à la gestion de l’entité depuis que l’autorité a pris la décision d’intégrer le genre dans son mode de gouvernance.
Il en ressort que plusieurs progrès ont été enregistrés mais elles restent confrontées à plusieurs défis.
Parmi les succès enregistrés, un ancien agent de la chefferie de Ngweshe Bulumba Patrick note une acceptation populaire, le traitement des dossiers liés à la gestion de leur entité avec diligence et l’initiation de certaines activités en lien avec le développement.
« depuis que ces femmes ont été nommées, nous avons remarqué un petit changement. Au moins pour l’instant, on peut voir une autorité chaque fois qu’il y a un problème dans une entité. Ce sont des femmes dynamiques qui s’imposent bien qu’il y a encore de la résistance. Elles résolvent les petits dossiers du quartier sans rien attendre en retour comme les hommes. Dans certaines avenues, elles initient des travaux communautaires dits salongo… », explique-t-il.
Dans leurs réactions, les participants notent plusieurs défis. C’est entre autres le manque de prise en compte de leurs points de vue, la non-participation aux réunions du Conseil du conseil de sécurité et la méfiance de la part de certains hommes et/ou des chefs des villages.
« Nous avons très bien travaillé et de manière bénévole. Voilà d’ailleurs pourquoi l’autorité a nommé d’autres femmes. Nous ne sommes plus 32. Nous sommes maintenant 54 femmes élevées à ces postes. Malheureusement nous n’avons jamais été notifiées. Donc, nous n’avons même pas de papier pour prouver notre travail. Depuis je suis là, on ne m’a jamais invité à participé à une réunion. Il y a des réunions élargies et restreintes. Lorsque c’est élargi, c’est souvent ce sont des chefs d’avenues hommes qui sont appelés mais je n’ai jamais vu une femme être appelée », lâche Marie-Claire Ndondo, l’une de ces cadres de base avant de déplorer la méfiance dont elles sont victimes « … toutes les avenues sont en délabrement avancé. Il y a des eaux de pluie qui se frayent des passages un peu partout. C’est un danger car lorsque vous avez un malade, même une moto ne peut pas passer. Mais lorsque tu essaies de mobiliser pour les travaux communautaires ou même dire à quelqu’un de soigner devant sa parcelle, l’on commence à te demander de qui tu détiens ce pouvoir toi en tant que femme. C’est décourageant car même les chefs des localités nous font la guerre croyant que nous sommes une menace pour eux. Et d’ailleurs c’est comme si nous ne rendons compte à personne car l’autorité ne nous a jamais réunies pour nous parler. Nous ne nous sentons pas pleinement chef. En tout cas on a pas encore senti ce pouvoir-là », conclut-elle.
Ils proposent ainsi que soit mis en place un cadre de concertation entre le groupement, les chefs des localités et les autres cadres de base afin de discuter soit mensuellement soit trimestriellement des questions de gouvernance et des défis au développement de entités.
« … les problèmes sont nombreux mais les solutions sont aussi possibles. Nous proposons la mise en place d’un cadre de concertation afin de parler de tous ces problèmes. Nous voulons également que soit organisée une séance solennelle de présentation de ces cadres de base à la population par le chef de groupement. Il devra maintenant revenir aux chefs des localités de faire de même dans les différentes entités contrôlées par ces cadres de base. Qu’ils ne se fassent pas la guerre car cela ne profite à personne. Les chefs doivent s’entendre et se réunir régulièrement »¸ recommande Alphonse Ntagondwa, Vice-Président de la Société Civile Forces Vives de Kamanyola.
Signalons que cette antenne décentralisée s’inscrit dans le cadre d’une série d’activités du projet « Accès à l’information de proximité sur les questions de gouvernance, de la démocratie et de la paix par le renforcement des radio-clubs » exécuté par Radio Maendeleo avec l’appui de la Coopération Suisse.
Encadré: Une antenne décentralisée est une stratégie développée par Radio Maendeleo. Elle consiste à déplacer un journaliste de la rédaction centrale sur le terrain afin de réunir différens acteurs pour parler d’un sujet précis en rapport avec la gouvernance.
Le souci est d’obtenir une plus grande participation populaire, susciter un débat entre acteurs et ainsi booster la gouvernance dans les entités.
Signalons que dans cette production, l’antenne décentralisée s’est passée en direct sur les ondes de la Radio Communautaire Flash FM de Kamanyola et sera diffusée sur les ondes de Radio Maendeleo.