Les militaires de 3305èmeet 3304ème Régiments des Forces Armées de République Démocratique du Congo s’engagent à intensifier des sensibilisations afin que tous les militaires se désengagent de toute activité liée à l’exploitation, le commerce et le transport des minerais au Sud-Kivu.
Cet engagement a été pris à l’issue d’une tribune d’expression populaire organisée par la coalition des organisations de la société civile de la région des Grands Lacs Contre l’Exploitation Illégale des Ressources Naturelles, COSOC-GL en sigle à Luvungi, chefferie de Bafuliru en territoire d’Uvira.
Une tribune populaire participative
Au cours de cette activité, les commandants des FARDC et de la Police Nationale Congolaise, les autorités administratives et coutumières, les membres de certaines coopératives minières locales et d’autres couches de la population ont été édifiés sur plusieurs notions en rapport avec l’exploitation des minerais du secteur artisanal dans le contexte post-conflit.
Il s’agit du Guide de l’OCDE sur le devoir de diligence, la Certification Régionale des substances minérales avec une emphase sur la traçabilité des minerais, la loi Dodd Franck et la Règlementation de l’Union européenne sur l’établissement des chaines responsables en minerais et amélioration de la gouvernance minière en RDC.
Toutes ces matières constituent une base sur laquelle, les militaires vont s’appuyer pour obtenir le désengagement des militaires dans les activités minières.
« Nous sommes très heureux d’avoir, au nom du commandant du 3305ème régiment, participé à cette tribune d’expression populaire. Nous nous engageons à transmettre fidèlement ces enseignements fournis par la COSOC-GL à tous les autres afin de réussir» déclare le major BRUNO représentant du commandant du 3305ème régiment basé dans la plaine de la Ruzizi à Kabunambo.
Non au trafic d’influence
Propos renchéris par le Colonel BAHATI NGABOYEKA Christian chargé de l’agriculture pêche et élevage et Ressources Naturelles, communément appelé DEAGRI-RN à la 33ème Région Militaire.
Tout en rappelant les missions des FARDC, il appelle la population à éviter le trafic d’influence en poussant les militaires dans de telles activités.
« Notre mission est d’assurer la sécurité des habitants et ses biens. Les militaires ne sont pas autorisés à exercer les activités minières sous quelques formes. C’est l’article 27 du code minier congolais qui le dit. Je vous conseille aussi vous les civils, d’éviter d’entraîner les militaires dans de telles activités. Je m’adresse surtout aux creuseurs et aux coopératives minière» insiste le Colonel BAHATI.
Pour sa part, le Commandant Escadron en charge de la Police des Mines à la PNC Sud-Kivu, le Colonel Moise YOGO s’engage à faire sienne la sensibilisation faite par la COSOC-GL
Du côté des coopératives minières, le besoin d’une telle sensibilisation se fait toujours sentir dans leur milieu.
« Dans la Plaine de la Ruzizi, la situation est relativement bonne surtout dans les sites qualifiés et validés. Donc cette sensibilisation de la COSOC-GL est très importante car nous avons encore quelques cas isolés de minerais non tagués et principalement dans les sites non qualifiés », précise Chuichui Masumbuko, président de la coopérative minière et agropastorale pour le Développement du Bufuliru COMADEBU en sigle.
Promesses des militaires, mais il faut un suivi
Pour le Secrétaire Exécutif de la Coalition des organisations de la société civile de la région des Grands Lacs contre l’Exploitation Illégale des Ressources Naturelles, Cyprien BIRINGINGWA MUGABO, cette première activité est une réussite.
Il précise que les pourparlers seront engagés avec la 33ème Région Militaire et le Commissariat de la police en province afin de mener des sensibilisations directes au sein des unités à l’occasion des parades.
« Toutes les parties prenantes et même les autorités coutumières et administratives ont participé activement. Nous avons suivi des déclarations fortes des militaires en rapport avec le désengagement dans les activités minières et tout l’intérêt qu’ils portent à cette thématique. Nous allons continuer le suivi et engager les pourparlers avec la 33ème Région Militaire et la police afin d’emmener ces sensibilisations même à l’occasion des parades tel que les militaires eux-mêmes ont recommandés », déclare Cyprien BIRINGINGWA MUGABO.
Des matériels de suivi pour un bon suivi
Au cours de cette tribune d’expression populaire, des matériels informatiques dont un ordinateur, une imprimante et un appareil photo digital mais aussi une moto de terrain ont été remis au comité local de surveillance locale et de monitoring des sites miniers (CLSM) en Territoire d’Uvira.
Dans le même sens, un appareil de prise de vue a été remis au 3305ème régiment des FARDC. Raoul KITUNGANO, Expert à la COSOC-GL et rapporteur du bureau de coordination de la société civile du Sud-Kivu explique que ces matériels vont aider le comité de surveillance locale de suivi et de monitoring à bien documenter les cas de fraude, les cas de militaires récalcitrants et tous les autres cas qui sont contraires à la règlementation en vigueur.
Ces activités s’inscrivent dans le cadre de la campagne de sensibilisation des éléments FARDC de la 33ème RG au désengagement des activités minières et renforcement de la surveillance par la société civile locale de la conformité de la chaîne d’approvisionnement des substances minérales d’exploitation artisanale au Sud-Kivu.
Financé par l’Alliance Publique Privé APP, il sera exécuté dans six sur les huit territoires du Sud-Kivu à savoir Fizi, Uvira, Walungu, Mwenga, Shabunda et Kalehe.