Dans le domaine des affaires foncières, de l’urbanisme et habitat, le nouveau gouvernement provincial dirigé par le professeur Jean Jacques Purusi devra travailler dur pour relever différents défis pour marquer son passage en lettres d’or à la tête de la province.
C’est entre autres en ce qui concerne la lutte contre les bandits fonciers dont le travail est resté d’identifier les parcelles de l’Etat ou même des privés pour les vendre, remettre de l’ordre dans les contrats dits de partenariat public-privé sur les immeubles et parcelles de l’Etat, les constructions anarchiques et sur des sites jugés dangereux ou impropres à la construction.
En effet, ce gouvernement est investi dans un contexte où des organisations de la société civile et des mouvements citoyens ont déjà rédigé plusieurs rapports sur ce qu’ils qualifient de boucherie foncière au Sud-Kivu.
Des gouvernements qui ont précédé sont accusés d’avoir facilité la vente de plusieurs immeubles et parcelles de l’Etat en province au point que certains services étatiques sont locataires dans leur propre province.
Ceci a été à la base de la mise en place d’une commission spéciale à l’Assemblée Provinciale du Sud-Kivu pour mener une enquête. De son côté, le gouvernement venait également d’annoncer une enquête sur cette question.
Il faut pourtant noter que la législature de 2018 à 2023 avait également été mise en place une commission dans ce sens et un rapport a été produit sur la situation des immeubles et parcelles de l’Etat mais sans résultats palpables. A contrario, le président de ladite commission a été nommé dans le gouvernement provincial à l’époque.
Au sujet de la signature des contrats de partenariat public-privés portant sur les maisons et parcelles de l’Etat en province, plusieurs acteurs pensent qu’ils ne profitent pas à l’Etat car, argumentent-ils, l’objectif ultime vise à déposséder l’Etat de ses biens.
Actuellement, plusieurs dossiers sont pendants notamment la question de la buanderie de l’athénée d’Ibanda, l’Institut de Bagira, le terrain de Ndendere et autres espaces publics de l’Etat, les différents marchés de la ville de Bukavu et les bâtiments logés par des agents de l’Etat.
Au sujet des constructions anarchiques, il y a lieu de noter que des morcellements des parcelles continuent d’être autorisés et parrainés par les services étatiques au point qu’il est possible aujourd’hui de trouver des maisons bâties sur une surface de 8m carrés.
Dans des quartiers populaires à l’instar de Nyamugo, Essence, Gyamba ou encore la partie dite Luziba où des maisons sont pour la plupart construites en planches, lorsqu’un incendie se produit, c’est toute une catastrophe.
Alors que ces cas d’incendies devraient servir de leçon aux autorités pour réglementer avant toute nouvelle construction sur ces sites, l’on remarque plutôt un retour à la case départ entraînant ainsi les mêmes catastrophes chaque année.
En rapport avec les constructions sur des sites jugés impropres à la construction, il sied de rappeler qu’un arrêté identifiant ces sites et interdisant toute construction dessus avait été signé par Théo Ngwabidje Kasi, alors Gouverneur de province.
Cela n’a pas pourtant empêché que les services continuent à délivrer les documents et autoriser les constructions. Ainsi, le nouveau Gouverneur et son ministre sectoriel devront y mettre une attention particulière et trouver de nouveaux sites où il faudra créer des conditions favorables pour inciter les populations à y vivre.
Bien plus, l’autorité devrait travailler pour la mise en œuvre effective des textes régissant ce secteur.
Se référant à l’article 204, point 1 de la constitution qui accorde une compétence exclusive aux provinces d’élaborer leurs plans d’aménagement, le Gouverneur devrait quitter tête haute cette fonction après avoir doté le Sud-Kivu d’un plan pouvant permettre par exemple l’extension de la ville de Bukavu, rendre viables les villes nouvellement créées ou alors valoriser les parties de Bukavu disposant encore d’espaces pas suffisamment habités.
Par Etienne Mulindwa