Des scènes de pillage, destructions et vandalisme ont été enregistrés dans la ville de Bukavu depuis la soirée de vendredi 14 février jusque dans la matinée de dimanche 16 février 2025 avant l’entrée officielle des forces de AFC/M23 à Bukavu.
Plusieurs rues de la ville de Bukavu étaient inondées des personnes, femmes, hommes et enfants confondus avec des produits de tout genre sur la tête et au dos.
Dans la commune de Bagira par exemple, ce sont les installations qui abritent les bureaux et les entrepôts de la BRALIMA qui ont été vandalisés et pillés par les habitants mais aussi le dépôt du Programme Alimentaire Mondial PAM situé au niveau de Brasserie.
Le dépôt du Programme Alimentaire Mondial vidé
Tout a commencé vendredi 14 lorsque les tout derniers militaires des Forces Armées de la RDC ont quitté la ville de Bukavu. Les personnes non autrement identifiées ont d’abord démoli l’un des enclos de l’Office National de Produits Agricoles du Congo ONAPAC en face de la PHRAMAKINA avant de provoquer un feu dévorant pour enfin s’introduire dans le dépôt du PAM.
L’opération va commencer vers 20h de vendredi pour se poursuivre tout l’avant-midi de samedi 15 février. Les matériels de bureau, de l’huile, de la farine, du matériel de construction des bâches, des motos neuves et pièces de rechange ont été emportés. Non satisfaits, ils ont pris d’assaut l’entrepôt où tout a été pillé en plus de la destruction du circuit électrique.
Tout le week-end, sur le tronçon allant de Bwindi jusqu’à la place de l’indépendance, des marchés occasionnels se sont créés dans les quartiers en amont et en aval des Cliniques Universitaires de Bukavu, de la Bralima et de l’hôpital Provincial Général de Référence de Bukavu.
50Kg de farine était proposé à la vente pour un prix de 15.000Fc par ceux qui se sont personnellement arrivés dans les entrepôts précités. Ce même montant était désormais suffisant pour 50 Kg de haricot ou une bonne quantité de petit poids.
Par contre, le prix de l’huile d’arachide et autres biens ont connus aussi une réduction selon les humeurs de ceux qui en possédaient.
Notez que sur leurs passages, ces pillards ont également vandalisé et emporté des biens de valeur dans des boutiques et magasins des paisibles citoyens sur une bonne partie du tronçon allant de Bagira à la place de l’indépendance.
Difficile relève de la BRALIMA après un coup dur
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Ph. Radio Maendeleo
Toujours dans la commune de Bagira, la société Bralima a subi un coup dur de cette guerre.
Dans des images devenues virales sur les réseaux sociaux, l’on aperçoit des centaines d’habitants prendre d’assaut les entrepôts de la BRALIMA à Bwindi et à l’intérieur de ses installations. La scène qui a commencé dans la soirée de samedi s’est poursuivie dans la matinée de dimanche 16 février pendant même que les hommes de Corneille Nanga faisaient leur entrée sur le sol de Bukavu. L’on parle des pertes énormes évaluées plus de 100.000 caisses de boissons qui étaient destinées à ravitailler toute la ville de Goma à la minute même que le trafic lacustre arrivait à être autorisé à nouveau.
En plus de caisses remplies de bières pillées, l’on rapporte le sabotage dans les bureaux administratifs et la destruction d’importants matériels dont le serveur central.
Comme pour la nourriture pillée dans les entrepôts du PAM à Bukavu, la boisson pillée a provoqué des scènes de liesses dans différents quartiers visiblement en fête. Samedi soir et dimanche presque toute la journée durant, une caisse de Primus qui coûte 40.000FC a été proposée en vente à un prix de 10.000Fc dans plusieurs endroits à Brasserie et même à Bagira.
« le constat est très malheureux. La situation n’est pas bonne à l’usine BRALIMA. Tout a commencé vers 18h. Ils ont forcé l’ancienne porte dite « hors ville » c’est-à-dire la porte qui conduit vers la Paroisse de Burhiba. Ensuite ils cassé la clôture à l’ancienne sortie des glaces juste en face du Nganda Signature et enfin ils sont passés par la porte de la drèche », nous confie avec autant de regret un agent contacté mais qui a requis l’anonymat.
Et de poursuivre « ils ont commencé par le côté de la logistique. Là où nous conservons les boissons et les caisses vides. Ici, ils ont tout emporté. Après, ils sont allés dans tous les bureaux administratifs en commençant par le directeur, le directeur financier, le directeur des ressources humaines, le directeur commercial… et dans le bureau du directeur de production. C’’est ici où il y a un le cerveau moteur de l’usine. Ils ont volé quelques matériels pour le commandement de la production. Néanmoins, l’usine comme outil de production n’a pas été touchée sauf les instruments de commande… ».
La situation est déplorable au point que la BRALIMA ne saurait rouvrir ses activités avant 3 ou 6 mois, poursuit-il, avant de poursuivre « si la société Heineken ne trouve pas urgent de financer, cela pourrait aller à une année… en réalité on parlerait d’un sabotage car c’est anormal que des gens viennent juste pour détruire. Vous trouvez que quelqu’un a juste pris plaisir à détruire, pas vraiment voler », conclut-il.
Tout en déplorant le fait que cela risque d’avoir plusieurs conséquences notamment sur le plan social avec des milliers de personnes qui dépendent directement et indirectement des activités de la BRALIMA et aussi des conséquences sur les recettes de l’Etat au niveau national comme au niveau provincial, cet agent estime que certaines structures méritent une protection particulière quelles que soient les circonstances.
Dans la commune de Kadutu
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Ici, c’est le marché central de Kadutu qui a été la cible. La Société Coopérative du Kivu SOCOOKI en sigle est une structure qui regroupe des commerçants qui a érigé un bâtiment imposant au cœur du marché central de Kadutu.
Chaque commerçant dispose d’un local plus ou moins spacieux où il exerce ses activités. Tout autour, c’est l’espace plutôt géré par la partie étatique. A l’intérieur de la SOCOOKI comme dans l’autre partie du marché de Kadutu, ce sont des articles de tous ordres qui y sont vendus.
Ce jour-là, samedi 15 janvier, des centaines des jeunes, hommes, femmes et enfants ont été visibles en train de détruire les portes emportant des télévisions, des téléphones portables, des matelas, des sacs pleines d’habits et plusieurs autres articles.
Alors que la plupart des vendeurs et vendeuses sont de petits commerçants qui prennent des crédits pour faire évoluer leurs activités, le comité syndical dudit marché explique que les pertes sont estimées à des millions de dollars américains ramenant l’économie de la province à plus de 5 ans en arrière.
Après leur forfait, ces pillards ont même mis le feu sur une partie du marché. Ce lundi, des sources rapportent que les efforts de la jeunesse encore consciente ont limité les dégâts qui pourraient être causés par le feu. En somme, entre 4 ou 5 dépôts ont été incendiés, rapportent des sources au sein de la SOCOOKI.
Par Etienne Mulindwa