Par Etienne Mulindwa
Le carré minier de Lomera situé dans le village éponyme dans le groupement de Luhihi en territoire de Kabare continue d’accueillir du monde plus de six mois après la découverte de l’or dans cette partie du Sud-Kivu.
Il s’agit des milliers des personnes en provenance de plusieurs horizons qui s’y sont rendus depuis novembre 2024 et qui continuent à affluer les unes pour y exercer des activités dans des mines et d’autres qui profitent pour exercer des activités connexes.
Le week-end, Radio Maendeleo s’y est rendu pour palper du doigt la réalité.
Situation sur le terrain
Samedi 29 juin 2025 à 9h30’, nous sommes à l’entrée principale du site du site de Lomera. Des centaines de motards sont attente des clients pour différentes destinations alors que d’autres venaient de déposer ceux en provenance de Bukavu, Katana, Birava et d’ailleurs.
Les mouvements sont intenses. Il faut passer par une barrière pour entrer dans le site mais ici, aucune tracasserie sauf pour des véhicules transportant différents matériels notamment ceux destinés à la construction ou autres, nous explique un habitué du milieu.
Après la traversée, devant nous c’est tout un quartier dans une vallée avec des maisons construites à proximité des puits d’extraction de l’or. Dans le carré minier, des mineurs font des mouvements dans les puits alors que d’autres surveillent pour éventuellement allumer des moteurs pour envoyer de l’oxygène en cas d’un signal de détresse à l’intérieur.
« tout était florissant et l’argent circulait très bien mais une pluie s’est abattue sur ce site il y a plus ou moins deux semaines provoquant une inondation dans quelques puits ici, voilà pourquoi nous sommes un peu en difficulté car nous devrions recommencer à zéro », témoigne un responsable d’un puits qui a accepté hors micro et sous anonymat de parler à notre reporter.
Dans la vallée au bord du Lac-Kivu et tout autour, ce sont des dizaines des concasseurs tenus par des opérateurs économiques. Ici, les jeunes hommes et pères de famille font des mouvements transportant des sacs avec à l’intérieur des matières qui seront traitées pour y extraire de l’or.
L’économie circule et les habitants se font de l’argent

Des quais d’accostage aménagés
Ph. Radio Maendeleo
Etienne Mulidwa
Plus loin, ce sont des restaurants et des boîtes de nuit sur une rue dénommée « avenue de la bière » qui font le plein. Alors qu’à Bukavu, les produits brassicoles de la BRALIMA se font rares, ici à Lomera, ces produits font le plein. Il en est de même des produits de la société BRASIMBA en provenance de Butembo au Nord-Kivu ou encore dans les Pays voisins en l’occurrence le Rwanda, la Tanzanie et le Burundi.
Des commerçants ambulants y sont très nombreux et des étalages visibles partout même à proximité des puits et sur les abords des routes.
Un marché a été aménagé mais les vendeurs et vendeuses trainent à occuper les étalages. L’administrateur du territoire de Kabare est arrivé sur place pour réglementer la question mais jusque-là aucune solution n’est trouvée.
Pour Jean Jacques Bagabo, ressortissant de Bukavu et qui évolue dans la zone, le site de Lomera est florissant mais les autorités doivent y remettre de l’ordre afin que chacun soit à sa place et que le marché soit suffisamment actif.
« pour que ça marche bien, il faut que les autorités prennent les choses en main avec le concours des concessionnaires d’ici. Il faut rassembler les gens selon leurs secteurs d’activités. C’est anormal de voir chacun faire comme s’il n’y pas d’autorité. Vous voyez derrière moi il y a un marché aménagé mais les petits commerçants choisissent seulement de s’éparpiller… il est anormal de voir un étalage ou des gens circuler dans les mines sans contrôle. Ils s’exposent à plusieurs accidents. Une pierre peut se désintégrer et causer des dégâts énormes. Il faut vraiment de l’ordre et cela est de la responsabilité des autorités en place », insiste Jean Jacques Bagabo.
D’autres femmes petites commerçantes attribuent ce désordre au fait qu’il y aurait un favoritisme. Selon elles, certains vendeurs et vendeuses seraient en train de corrompre les autorités pour rester sur les abords des routes ou alors loin du marché officiel.
Une nouvelle destination pour les transporteurs lacustres
Entre temps, l’ampleur des mouvements a créé une nouvelle destination pour les armateurs. Les propriétaires de gros bateaux, barges et embarcations motorisées ont aménagé des quais d’accostage.
En provenance de Goma, du Rwanda, de Bukavu, de Kalehe ou encore de Katana, ces engins transportent des tonnes de marchandises notamment la bière, les matériaux de construction et les produits alimentaires de tout genre.
En clair, il s’agit d’un far West où s’organisent toute une population mais avec des risques importants liés notamment à la santé surtout que la zone fait face à une épidémie de choléra ainsi que d’autres risques relatifs aux accidents dans les mines.