Plus de six mois après les affrontements qui ont éclaté dans le territoire de Kalehe précisément à Nyamukubi, Ihusi et Kalehe Centre, dernier verrou avant la chute de la ville de Bukavu, la vie a repris timidement dans cette partie du Sud-Kivu.
De Kasheke en passant par Tchofi jusqu’à Kalehe Centre, Ihusi ou encore Nyabibwe et Nyamukubi, la vie semble reprendre mais dans un contexte aussi particulier caractérisé par la peur généralisée et la pauvreté qui guette la population.
Au centre commercial d’Ihusi ou à Kalehe Centre par exemple, les petits commerçants font un effort de relancer leurs activités mais l’ambiance d’alors est quasi absente, indique un opérateur économique contacté.
Ici, l’ordre est clair ; aucune activité n’est autorisée après 19h et la circulation est restreinte à partir de la même heure pour des raisons sécuritaires. Des boutiques et magasins qui étaient pleins de marchandises sont aujourd’hui vides ou presque vides.
Victimes des pillages lors de l’intensification des affrontements entre janvier et février 2025, les opérateurs économiques tentent tant soit peu de survivre avec le peu qu’ils essaient de reconstituer.
Sur l’ensemble du territoire, l’on rapporte l’existence des tracasseries qui se résument en l’exigence des taxes dont le taux est fixé selon la volonté des personnes qui contrôlent telle ou telle autre entité sans tenir compte de la situation de l’assujetti.
Alors que l’ambiance était également au rendez-vous grâce aux mouvements des bateaux faisant le trafic entre Goma-Bukavu avec une escale sur différents quais d’accostage à Kalehe mais aussi par les mouvements des véhicules sur Bukavu-Goma et vice-versa, aujourd’hui rien de tel n’est visible.
Aucun bateau n’est autorisé à accoster à ce jour dans cette partie du Sud-Kivu, rapporte un armateur contacté. Des sources locales indiquent que les habitants sont désormais contraints de monter à bord des embarcations en bois transportant des sacs de braise pour espérer arriver soit au port de Kituku à Goma, à Luhihi au Sud-Kivu ou encore vers d’autres destinations avec des risques de noyade.
Bien plus, aucun véhicule ne peut plus quitter Bukavu pour faire Goma ou d’autres entités de Kalehe à l’instar de la cité de Minova au regard notamment du contexte sécuritaire qui prévaut dans la zone.
Frustrés par des intimidations, arrestations et autres cas de violation des droits humains de part et d’autres des belligérants, des acteurs de la société civile et défenseurs des droits humains ont choisi le silence et d’autres ont carrément quitté la zone.
Néanmoins, l’on note le retour progressif des populations qui avaient pris fuite lors de l’intensification des combats. Environs 80% de déplacés sont déjà de retour mais leur situation humanitaire laisse à désirer, nous rapporte un défenseur des droits humains de la place.
Tout en encourageant certaines organisations humanitaires qui interviennent déjà dans la zone, il appelle d’autres à agir dans le même sens pour redonner sourire et réconfort à ces populations meurtries par la guerre.
Par Etienne Mulindwa