Dans plusieurs marchés de la ville de Bukavu, l’animation habituelle provoquée par les préparatifs de la rentrée scolaire peine à se faire sentir. Bien que commerçants et vendeurs occasionnels étalent cahiers, sacs et uniformes, la clientèle se fait rare.
Partout, on entend à peine les voix des vendeurs qui interpellent les passants, tandis que dans certaines allées, le silence contraste avec l’effervescence des années précédentes.
À une semaine seulement de la rentrée, Radio Maendeleo a fait un tour dans plusieurs marchés de la ville pour s’enquérir de la situation.
Il est 15 heures au marché de Nyawera, dans la commune d’Ibanda. Contrairement aux années passées, ce lieu, réputé pour son agitation à l’approche de la rentrée, reste étonnamment calme. Vendeurs et acheteurs attribuent cette situation à deux causes principales : l’insécurité persistante dans plusieurs parties de la province et la crise économique qui s’en est suivie.
Un peu plus loin, à l’entrée de l’avenue Saïo, près du feu rouge et de la division provinciale de la santé, l’ambiance habituelle n’est pas retrouvée. Seuls quelques commerçants sont présents, et des parents curieux s’arrêtent uniquement pour se renseigner sur les prix, avant de repartir sans rien acheter.
« Les clients se font rares et les affaires ne tournent pas », s’exclament les vendeurs. Bien qu’ils espèrent un sursaut de dernière minute, ils redoutent une rentrée timide et le risque de ne pas écouler leurs articles. « En tout cas, ça ne marche pas. Tu viens le matin et tu rentres le soir sans rien vendre. Imaginez, il est 15h passée et depuis ce matin je n’ai rien vendu. Cette année n’est pas différente de l’année passée par rapport aux prix. Seulement, on sent qu’il n’y a pas d’argent. Avec cette guerre, il n’y a pas d’argent, voilà pourquoi il n’y a pas de clients », confie un commerçant.
Du côté des parents, les difficultés sont tout aussi visibles. Pour beaucoup, la priorité reste la survie : nourrir la famille, trouver un toit, et seulement ensuite penser à l’école.
Certains avouent qu’ils ne pourront pas acheter tout le nécessaire pour leurs enfants cette année. Ils lancent un appel au rétablissement de la paix dans l’Est du pays, afin que leurs enfants puissent retourner à l’école dans de meilleures conditions. « Nous préparons la rentrée dans des conditions difficiles. Il n’y a pas d’argent. Nous faisons des efforts, mais ça ne suffit pas. Nous demandons aux autorités d’arrêter cette guerre. Nous voulons la paix. Nous souffrons en tant que parents », regrette un parent.
Rappelons que la rentrée scolaire en République démocratique du Congo est officiellement prévue pour le lundi 1er septembre prochain.
Par Myriam Mufano