Par Etienne Mulindwa
Suite à la décision portant fermeture de toutes les activités dans le carré d’exploitation artisanale de l’or de Lomera dans le territoire de Luhihi en territoire de Kabare et l’obligation faite à tout occupant de quitter la zone, des mouvements intenses des populations ont été observées depuis la soirée de lundi.
En effet, tôt le matin, des dizaines pirogues motorisées étaient mobilisées au port de Lomera afin d’effectuer les mouvements les unes vers Goma au Nord-Kivu ou encore Kalehe, Katana, Birava et Bukavu selon les sollicitations des clients.
Des personnes accourraient de partout avec leurs effets notamment des marchandises, matelas, caisses de bière, ustensiles de cuisine, groupes électrogènes et tant d’autres effets pour ne pas rater une place dans ces engins motorisés.
Un peu plus haut, c’est le tour des conducteurs des taxis-motos communément appelés motards qui étaient visibles par centaines dans différents parkings en train de charger les biens des creuseurs artisanaux et autres personnes exerçant les activités connexes dans ce carré minier.
Ce site de plus en plus florissant était devenu une destination privilégiée des milliers de personnes en provenance de tous les horizons particulièrement celles qui ont vu leurs activités être arrêtées dans les services étatiques, les ONGs ou encore dans d’autres zones et secteurs suite à la guerre actuelle que subit la partie Est de la RDC.
Des sommes importantes venaient d’y être investies dans différents secteurs notamment l’hôtellerie et la restauration, le petit commerce, l’achat des substances minérales par les négociants et des petites activités commerciales mais tout cela devra désormais attendre la fin de l’indentification annoncée par les autorités.
Pour des opérateurs économiques et autres petits commerçants, la suspension des activités est un coup dur particulièrement pour ceux qui venaient à peine d’y investir et dont les activités n’étaient qu’au début.
» Sans nous laisser même une minute de préparation, nous avons été sommés de quitter ces lieux sauf les autochtones. Alors, on ne sait pas quoi faire. Nous sommes venus avec des marchandises pour chercher de quoi faire vivre nos familles mais là, on est obligés de rentrer. Moi comme plusieurs autres, avions déjà pris des maisons en location en payant plus de 400 dollars mais on a même pas eu l’occasion de consommer ces garanties locatives ou alors écouler nos marchandises. Si c’est vrai ce gouvernement est venu nous aider, il doit réellement nous aider. C’est anormal de laisser tout un site dans un tel état. Et là où nous allons, qu’allons nous faire comme travail? « , se plaint une femme petite commerçante en pleurs.
De leur côté, les habitants du village de Lomera et ses environs craignent plusieurs conséquences après la suspension des activités et si cela dure longtemps.
Il s’agit entre autres de la famine sachant que tous les champs ne sont plus exploitables car envahis par les activités minières, l’insécurité grandissante qui pourrait se caractériser par des vols ainsi que le risque les voir expulsés de leurs concessions même si leur idendification a commencé le matin de mardi 9 septembre 2025.
Ces conséquences pourraient également atteindre d’autres entités sachant que les activités au site minier de Lomera occupaient des centaines de sans-emplois mais qui, aujourd’hui, sont obligés de retourner dans leurs villages et zones respectifs.
Retour à l’origine
Rappelons qu’avant la fermeture officielle des activités dans ce site minier de Lomera, les activités y étaient déjà perturbées depuis deux semaines. En effet, en date du 29 Aout, des fortes tensions ont été signalées dans ce site d’exploitation artisanale de l’or situé dans le groupement de Luhihi.
Tout a commencé lorsque l’équipe de sécurité civile mise en place par les autorités avait, dans la matinée, torturé à mort un transporteur de sable contenant les matières premières communément appelé Kasomba le soupçonnant de vouloir dissimuler une partie en échappant à leur contrôle.
Ayant appris que leur collègue avait rendu l’âme, d’autres creuseurs artisanaux vont alors se révolter contre les membres de cette équipe de sécurité jusqu’à brûler deux de leurs bureaux et provoqué la mort d’un d’entre eux.
D’autres personnes mal intentionnées ont profité de la situation pour piller systématiquement dans les maisons des petits commerçants et autres opérateurs économiques, une attitude déplorée par des défenseurs des droits humains de la place.
Dans l’intervention qui s’en était suivie, au moins deux autres personnes avaient perdu la vie, indiquent nos sources sur place. C’est en clair cet événement qui a été déclencheur de toute la situation vécue à ce jour.